Les moustiques nous avaient déjà embêtés pendant toute la saison sèche. Ils ont tendance à se faire encore plus nombreux avec le début de la saison des pluies. L’ARS a fait un point sur les maladies qu’ils peuvent transporter mais aussi sur ses actions de lutte et de prévention. Les nouvelles sont rassurantes.
«Très favorable». Voilà comment François Mansotte, qui assure l’intérim de la direction de l’ARS*de Mayotte depuis le départ de sa directrice, qualifie la situation sur le front des maladies véhiculées par les moustiques. Comme nous l’écrivions il y a quelques semaines, les cas de paludisme, à Mayotte, n’ont jamais été aussi peu importants.
Depuis le début de l’année, 76 cas de paludisme «importé» ont été recensé mais aucun cas de paludisme «autochtone» n’a été formellement identifié. Un seul diagnostic n’a pu, à ce jour, être clairement établi.
Le paludisme n’est pas le même en fonction des territoires et Mayotte dispose d’une souche particulière dont la propagation a donc été, à ce jour, visiblement stoppée. 25 cas étaient encore recensées l’an dernier et 172 en 2010.
Chikungunya et dengue sous contrôle
Sur le front du Chikungunya, transporté par un autre moustique, les nouvelles sont encore meilleures : aucun patient n’a été diagnostiqué contre six l’an dernier. Enfin, du côté de la dengue, même constat. Seulement deux personnes ont été reconnues porteuses de la maladie dans sa forme «importée» et aucun cas de dengue autochtone identifié.
L’ARS a donc de quoi être satisfaite du travail accompli ces dernières années en termes de lutte contre ces maladies mais aussi de prévention. 71 agents de terrain maitrisant la langue mahoraise relaient les stratégies et 85 actions de sensibilisation ont été organisées sur l’ensemble du territoire.
«On ne pulvérise plus de produits chimiques contrairement à ce que nous faisions au début des années 90, explique Ambdoul Bar Idaroussi, responsable adjoint de la lutte anti-vectorielle. Il fallait entrer dans toutes les maisons et effectuer deux traitements par an. Ce n’est plus possible. Sans parler des problèmes de résistances des moustiques aux molécules.»
Prévenir la prolifération des moustiques
Les actions consistent donc aujourd’hui à faire passer des messages de bon sens pour changer les habitudes et éviter la prolifération des moustiques : couvrir les réserves d’eau, vider les petits récipients, éliminer les déchets mais aussi, évidemment, se protéger contre les piqûres.
C’est dans cette logique que le déploiement de moustiquaires imprégnées (MIILD), entamé en novembre 2010, se poursuit. Les dernières zones où la distribution est en cours sont sur Petite-Terre et dans le grand Mamoudzou. Bientôt, c’est donc l’ensemble du département qui sera équipé.
«En 2014, nous serons à la croisée des chemins, note François Mansotte. Nous allons demander une expertise nationale pour savoir comment cette opération se poursuit. Est-ce qu’on arrête la distribution gratuite ? Est-ce qu’on confie l’importation à une structure pour ensuite les proposer à la vente avec l’ARS comme sponsor ? On pourrait aussi imaginer une voie mixte, où seules, certaines catégories de la population bénéficieraient de la gratuité comme les femmes enceintes suivies par les PMI.»
Ne pas crier victoire
Pour qu’une maladie soit considérée comme éradiquée, il faut une vingtaine d’années sans aucun cas diagnostiqué sur un même territoire. Si la situation virale est donc très encourageante, l’ARS sait qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt et surtout ne jamais baisser la garde. L’exemple de la filariose est là pour le rappeler.
Cette maladie, qui se transmet elle-aussi par les piqûres de moustiques, est connue pour une de ces manifestations très visuelle : l’éléphantiasis, l’augmentation parfois spectaculaire de la taille d’une partie du corps causée par un œdème. Elle a été éradiquée de Mayotte en 1982 après une vaste campagne de distribution d’antiparasitaires. Et mauvaise surprise l’an dernier : quatre cas ont fait leur apparition dont deux autochtones.
Avec les moustiques, sans céder à la phobie maladive, il convient donc de rester prudent.
RR
*ARS : Agence régionale de Santé
(Crédit Photos : ARS Océan indien)
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