C’est un come back discret : le député Boinali Said Toumbou faisait pâle figure ces temps-ci au regard des communiqués répétés des autres parlementaires mahorais. Il a contacté la presse pour rectifier le tir, de vive voix.
C’est la cause qui l’a porté aux nues qui lui colle un peu trop à la peau selon lui : Boinali Said Toumbou ne veut plus de cette étiquette « député mabawa » issue du conflit du même nom de lutte contre la vie chère en 2011. C’est en tout cas comme cela qu’il justifie son absence prolongée des médias.
Son coup de gueule du moment ne va pas vers Total sur lequel il s’exprimera plus tard, mais sur les gendarmes du GIR (Groupement d’intervention régional) : « Je suis le dindon de la farce ! De passage l’année dernière à l’ambassade d’Anjouan, nous avons débattu de solutions pour l’immigration clandestine que l’on disait orchestrée par des autorités comoriennes. Puis, j’apprends ces jours-ci que ce sont les gendarmes français eux-mêmes qui instrumentalisaient ces filières au moyen d’indics clandestins à qui ils faisaient miroiter des papiers ! Et ils auraient organisé un trafic de drogue ! Il faut une punition exemplaire ! » Et de conclure : « Mayotte n’est pas la Françafrique ! ».
Autre sujet de préoccupation, la délinquance contre laquelle il organise depuis un an la mise en place des régies de quartier. Ces associations sont ancrées dans des quartiers d’habitations sociales. Elles agissent pour améliorer le cadre de vie, l’animation, la convivialité et sont censées proposer l’insertion socioprofessionnelle des stagiaires en leur offrant une formation encadrée au sein d’une équipe de professionnels. « Nous y arriverons par la médiation sociale. »
Pas d’hyper sécurité à Mayotte
Mais il faudra encore patienter un an, nous explique-t-il, avant qu’elles voient le jour : « Chaque commune devra créer un groupe de travail avec les associations et leurs services techniques et accueillir un chargé de mission nommé par la Préfecture ».
En tout cas, Boinali Said Toumbou ne veut pas d’une Zone de Sécurité Prioritaire prônée par le sénateur-maire de Mamoudzou : « Une sécurisation tous azimuts ne servirait à rien ici. Nous devons mettre réellement en place des dispositifs de médiation avant d’en arriver à cette solution extrême à base de forces de l’ordre armées. »
Enfin, il ne pouvait se taire face à la communication, par médias interposés, des conseillers généraux et parlementaires d’un côté et de Total de l’autre sur le décret de transparence des marges de la filière d’hydrocarbure dans les DOM. Et c’est d’un revers de manche qu’il balaye le problème : « Mayotte et les DOM ne représentent qu’une quantité négligeable sur l’activité internationale de Total. Le 5ème groupe pétrolier mondial ne peut faire de chantage sur 100 salariés mahorais ! »
Quant à son activité parisienne sur laquelle nous le questionnons, il est peu prolixe, rappelant qu’il est intervenu sur la question du désert médical : « Je me concentre sur Mayotte ».
Anne Perzo-Lafond
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