Ce n’est pas un simple élu qui démissionne de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte. C’est surtout son ancien président qui en profite pour dénoncer les irrégularités qui ont entouré l’attribution de la gestion du port de commerce de Longoni.
Le remaniement du bureau de la Chambre de Commerce et d’Industrie qui avait suivi la démission de plusieurs membres en août l’avait écarté de la présidence au profit de Mohamed El Hamid.
Il en avait démissionné quelques semaines auparavant, las des sous entendus et accusations non prouvées dont il avait été l’objet, «les coups bas, ça n’est pas mon monde» avait-il alors indiqué. Un putsch avait ensuite été orchestré contre son équipe à la suite de la perte de la Délégation de Service public qui avait octroyé la gestion du port de commerce de Longoni à la femme d’affaire Ida Nel et sa compagnie Mayotte Channel Gateway (MCG), et non à la CCI.
Norbert Martinez, directeur de la MIM (Maintenance Industrielle Mahoraise), était pourtant resté élu de la CCI. Mais, ainsi qu’il le dénonce dans un courrier adressé au président El Hamid, les allégations «de certains ‘soit disant élus’» contre lui et son entreprise n’ont pas cessé, “lettres anonymes, chantage, coup bas ne font pas partis de mes principes».
“J’ai rêvé d’un autre monde”
S’il critique la position de certains élus «qui ont soutenu publiquement le projet concurrent pour l’attribution de la DSP» ainsi qu’un média local, «une certaine presse commanditée dirigée et soudoyée» accusée de colporter «des ragots des ‘on-dit’ et des calomnies», c’est aussi la préfecture de Mayotte qui est visée pour n’avoir pas réagi au rapport «accablant» de la Chambre régional des Comptes «qui relève plus de 10 irrégularités sur l’attribution de ladite DSP».
Également visé par les critiques, le Conseil général, dont certains élus «se sont prononcés publiquement sur les ondes d’une radio locale pour l’offre concurrente et avant la délibération d’attribution de la DSP». Et Norbert Martinez s’étonne que le Conseil économique et social, systématiquement saisi pourtant par le Conseil général pour les décisions d’importance pour le département, et aux préconisations souvent écoutées, «n’a pas émis d’avis sur l’attribution de la DSP».
Enfin, il dénonce les règlements de compte contre les entreprises que les anciens élus, dont il fait partie, représentent et qui sont victimes du changement de majorité. «Querelles de clocher» qui font que «nous sommes la risée du monde économique mahorais», dénonçant ainsi une image ternie de la CCI. Cette dernière est actuellement impliquée dans le conflit portuaire qui bloque le port de Longoni.
«Pour toute ses raisons, je me retire de ce ‘monde’» lance-t-il dans sa conclusion, «monde qui n’a été le mien que par accident».
Anne Perzo-Lafond
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