CARNETS DE JUSTICE. C’est une scène de violence conjugale sur laquelle se penche l’audience correctionnelle ce mercredi. Un moment insupportable qui a changé la vie d’un couple à jamais.
Lui, est un mari soupçonneux. Souvent, il se rend au travail de son épouse pour s’assurer qu’elle s’y trouve. Et si, par malheur, elle n’y est pas, la crise de jalousie éclate : il est persuadé qu’elle a des amants.
Karima* comprend. Elle pardonne.
Pourtant ce vendredi 18 octobre 2013, la crise prend des dimensions inédites. Il rentre à la maison après avoir bu des bières, furieux de ne pas avoir vu sa femme sur son lieu de travail. Il ne retient pas les coups qui fusent. Il lui tape sur la tête, Karima se défend et le mord. Il la pousse, elle tombe et heurte un meuble. La violence semble sans limite. Il la traîne sur le lit, monte sur elle et continue à la frapper.
C’est l’intervention d’une voisine, alertée par les cris, qui va permettre à Karima de se dégager des assauts de son mari. Une fois à l’extérieur de la maison, l’homme est prêt à continuer à se déchaîner, mais les voisins sont là. Il comprend qu’il est temps de partir pour ne pas subir la justice du voisinage.
Karima obtient une interruption de travail temporaire de huit jours.
Trois fois en dix ans
Ce mercredi matin, l’homme est absent de l’audience. Karima, en revanche, a eu le courage de dépasser toutes ses pudeurs pour dire, calmement, sa douleur et l’humiliation que ce moment fut pour elle. A la barre, elle précise l’énoncé des faits. Ce n’était pas la première fois qu’il levait la main sur elle. Mais ce n’était pas fréquent non plus. «C’est arrivé trois fois en 10 ans.»
«La première fois, je lui ai dit que je lui pardonnais. Il s’était excusé et c’était passé.» En 2011, la scène se reproduit mais cette fois-là, Karima porte plainte. Elle n’ira pas au bout de la démarche, une fois encore, elle cède. « Il m’a supplié de retirer ma plainte. Si j’étais allée jusqu’au bout, ça ne serait pas arrivé de nouveau.»
Depuis les événements, le couple n’habite plus dans la même maison et aucune tension particulière ne pèse sur Karima ou les deux enfants qui la lient encore à son mari.
On ne tape pas sur les gens
A l’énoncé du verdict, l’homme est arrivé au tribunal. Absent des débats, il reçoit le verdict comme un coup de massue : 10 mois de prison dont trois ferme et une mise à l’épreuve de deux ans. Il devra aussi justifier de l’obligation de soins liés à son recours régulier à l’alcool.
«On ne tape pas sur les gens !» rajoute le juge. « On ne vit pas dans un monde de bêtes. Et on tape encore moins sur sa femme et encore moins en présence de ses enfants.»
L’homme devra également indemniser son épouse pour un montant de 4.000 euros de dommages et intérêts : «la douleur et l’humiliation, ça a un prix.»
Karima compte se présenter au juge des affaires familiales pour poser clairement et sereinement leurs responsabilités respectives vis-à-vis de leurs enfants.
RR
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*Le prénom a été changé
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