Protections solaires, courants d’air, végétalisation des abords… les bâtiments professionnels vont se tropicaliser avec la charte Mayénergie Plus dévoilée ce mercredi.
Le concept d’économie d’énergie était né avec la première crise du pétrole en France, «la chasse au gaspi». Et bien Mayotte connaît une sorte de crise : en étant dépendante à 95% aux hydrocarbures pour produire son électricité, et avec une consommation qui a cru de 5,5% l’année dernière, Electricité de Mayotte (EDM) a ressorti sa carte Mayénergie de 2007 (campagnes de lampes à économie d’énergie, chauffe-eaux solaires, etc.) en la développant sur le bâti.
Car l’amélioration du niveau de vie et le potentiel d’équipement des ménages encore sous-dimensionné, doublés d’un accroissement démographique de 3% par an implique une réaction urgente d’EDM, accompagné de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie) et de la DEAL (Equipement). Ce « Mayénergie plus » a été lancé ce mercredi matin dans le bâtiment témoin d’EDM à Kawéni, devant un pare-terre de chefs d’entreprise, d’architectes ou de professionnels du bâtiment.
En attendant la future réglementation thermique spéciale DOM qui s’appliquera à Mayotte en 2017, la charte de « Mayénergie plus » s’attaque à la chasse au gaspillage dans tous les secteurs du bâtiment professionnel, neuf ou occasion. Mais attention, «c’est un outil mis à disposition du maître d’ouvrage, du futur propriétaire du bâtiment, ça n’est pas une réglementation», prévient Christelle Thuret, chargée de mission ADEME Mayotte.
Se passer de clim… pas sûr !
Le bâtiment modèle aura des besoins différents selon sa destination : touristique, administratif ou destiné à l’enseignement, ou selon sa localisation, son orientation. Mais il sera équipé en protection solaire, en renouvellement d’air, en éclairage, en eau chaude (chauffe-eau solaire) pour à la fois limiter l’apport thermique (soleil) tout en aérant pour éviter au maximum le recours à la climatisation, «éventuellement remplacée par des brasseurs d’air»… Mais comme le confort de l’usager avait été posé en préalable, c’est surtout sur la température de la climatisation qu’il faudra jouer !
Un outil Excel est mis à disposition des maîtres d’ouvrage lors d’une courte formation : «en entrant les données de surfaces ou de largeurs de menuiserie, il nous donne par exemple la différence de température à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment qui ne doit pas excéder 2° dans l’idéal…»
Les dispositifs d’accompagnement sont détaillés sur un site, mais il faut savoir que l’ADEME apporte une aide sur les études ou sur chauffe-eau solaires destinés aux logements collectifs. Les particuliers sont, eux, aidés par le crédit d’impôt développement-durable.
L’aide de EDM est logique, et c’est un peu un retour sur investissement pour les usagers : «une taxe de contribution au service public de l’électricité (CSPE) est prélevée sur chacune de vos factures», expliquait Olivier Flambard, directeur général d’EDM, «et représente un total de 5 millions d’euros par an. Elle est redistribuée pour des missions de service public comme le rachat de l’électricité photovoltaïque ou la compensation du surcoût de production de l’électricité à Mayotte, en dépassement de 20 à 35 centimes le kilowatt/heure». Une électricité qui demeure la moins chère de France car non assujettie à la TVA. Ces aides EDM/EDF seront désormais encadrées par décret.
Et l’économie d’énergie, EDM y travaille sur sa centrale : «notre projet phare de récupération de chaleur dont 60% part dans l’atmosphère devrait voir le jour début 2015», indiquait Olivier Flambard.
Anne Perzo-Lafond
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