Pour que les fonds européens soient correctement consommés, l’Etat et les collectivités doivent définir de concert des projets correspondants aux attentes de l’Europe. Une expertise commune avait précisé le ministre Repentin.
La dernière réunion de l’Instance locale d’Elaboration du Programme de développement rural (PDR) de Mayotte en septembre 2013 avait programmé la visite de deux de ses experts, Eleftheria Vounouki et Marc Longhi, respectivement à la Commission Européenne et au Ministère de l’Agriculture.
Ils étaient ce mardi après-midi à la mairie de Tsingoni en présence du maire, du directeur de la Direction de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Forêt (DAAF) Daniel Laborde, de la DEAL (Equipement) et des acteurs du secteur agricole. Elus et services de l’Etat main dans la main…
5ème commune de Mayotte par sa population, 4ème par sa superficie, Tsingoni est une terre agricole située à 15 km de Mamoudzou et 25 km du port de commerce de Longoni. Elle est connue pour sa mosquée, classée monument historique, sa retenue collinaire à Combani et la seule réserve d’eau naturelle de l’île à Karihani.
La population est représentative de celle de l’île qui avance un chiffre officiel de 54% d’inactifs, «le taux officieux de chômage»,glisse le maire Ibrahim Boinahery, également salarié de l’INSEE Mayotte.
Prés de la moitié de la commune est en zone à potentiel agricole modéré ou fort. Son principal handicap est le foncier, «peu ou mal maitrisé», expliquait le chargé de projet aux deux envoyés européens. La commune ne détient en effet que 5% de ses terres, «le reste appartient à des privés ou au Conseil général». C’est pourquoi les élus ont demandé l’élaboration d’un Schéma d’aménagement Territorial, «la feuille de route de Tsingoni sur le moyen et long terme», indiquait Ibrahim Boinahery.
Masse salariale contre fonds européens…
Sur les 76 fiches dégagées par ce Schéma, 3 ont été choisies : l’Aménagement de commerces de proximité pour structurer la vente des producteurs qui pourront y vendre leurs produits directement aux consommateurs, la création de places publiques et celle d’un Centre d’affaires. Ces deux derniers projets n’ont aucun rapport direct avec l’agriculture, mais peuvent être considérés comme programmes leader de développement.
Le financement des fonds était le point central alors que l’on a affaire à une commune qui se porte plutôt bien au regard de la plupart de ses sœurs, puisque le budget de fonctionnement dégage une marge pour l’investissement depuis 2010, mais trop faible pour permettre d’avancer des sommes nécessaires aux projets européens.
«Et vous avez combien d’agents ?» Eleftheria Vounouki posait la question qui fait mal à Mayotte. Ibrahim Boinahery convenait d’une masse salariale qui plombe, tout en dénonçant les emplois aidés, qui «n’aident» pas les communes à l’heure de la pérennisation cinq ans après, «c’est socialement difficile de refuser…»
Une commune qui s’inscrit dans un enjeu agricole avec la volonté d’acquérir auprès du Conseil général des terrains pour ses jeunes agriculteurs.
Anne Perzo-Lafond
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