Six communes de Mayotte réceptionnaient ce lundi des équipements financés par l’Europe, avec une certaine légèreté. Mayotte s’achemine ainsi vers la clôture d’un fonds européen avec sept ans de retard.
Pour comprendre les doutes éventuels de l’Union européenne vis-à-vis de Mayotte, il suffisait d’assister ce lundi à la livraison de matériels à plusieurs communes mahoraises. Mamoudzou, Sada, Pamandzi, Labattoir et Mtsamboro réceptionnaient pour 10.000 euros d’équipements essentiellement destinés aux agents techniques : chaussures et pantalons de sécurité, casques, masques, gilets… 172 «kits» qui vont permettre aux équipes des municipalités d’assurer l’entretien des nouveaux réseaux d’eaux pluviales financés par l’Europe.
«Sur une opération de 60 M€, l’Europe en a financé 10M€», se réjouissait Mustoihi Mari, le directeur adjoint de l’aménagement et des infrastructures au Conseil général. Il ne reste plus qu’à signer les conventions de rétrocessions pour que les communes, alors propriétaires des ouvrages, en assurent effectivement l’entretien.
La commune de Tsingoni, qui n’était pas concernée par ces travaux reçoit également des équipements. Ses opérations liées à l’environnement et en particulier des opérations de reboisement justifiaient la réception de ces kits.
Sept ans de retard
Mais Mayotte reste Mayotte. Et comme lors dela livraison de matériels informatiques à la fin du mois d’octobre dernier, financés eux-aussi par l’Europe, peu d’élus avaient jugé bon de se déplacer. Ce lundi, une seule élue était venue signer le bon de réception, une signature pourtant nécessaire pour permettre l’enlèvement des matériels. Quant à la commune de Mamoudzou, elle était tout simplement absente, personne n’était venu recevoir le «cadeau européen». Une légèreté qui cadre assez bien avec la lenteur de la consommation des budgets européens.
Car une fois le solde des marchés de ces travaux d’eaux pluviales réalisé, Mayotte s’acheminera vers la clôture de très vieux comptes. En effet, ces opérations sont financées sur le 9e FED qui est censé être bouclé depuis… 2007.
Ce Fonds européen de développement (FED) est un outil de l’Union européenne pour aider les pays en développement ainsi que les pays et territoires d’outre-mer (PTOM) dont faisait partie Mayotte jusqu’au 1er janvier avant de devenir une RUP, une région européenne ultrapériphérique. Les sommes engagées par le 9e FED couvraient donc la période 2000-2007 et auraient du être utilisés sur des projets depuis bien longtemps.
Se racheter une crédibilité européenne
Mayotte devrait même avoir achevé de dépenser les budgets issus du 10e FED qui lui, est terminé depuis l’an dernier. Mais cette fois, notre département a obtenu l’autorisation d’intégrer ces sommes au budget du Conseil général pour les aiguiller sur des projets et ainsi les «consommer» assez rapidement.
Comme pour se racheter une crédibilité européenne, Mustoihi Mari promettait que Mayotte organisera une deuxième inauguration de l’ISDND, la décharge des déchets ultimes de Dzoumogné, probablement lors de sa mise en service au mois de juin. Après le commissaire européen Hahn et le ministre des outre-mer Lurel, ce seraient l’ensemble des financeurs de l’opération qui seraient conviés. Peut-être une manière de prouver que, même si ça prend du temps, les opérations financées par l’Europe peuvent devenir une réalité.
RR
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