Les olympiades de la Chimie ont livré leurs lauréats régionaux : Bacar Badrati, Antony Destouches et Etienne Chauvet sont nos meilleurs jeunes chimistes. Ils ont livré leurs motivations.
C’est Etienne Chauvet qui a été le grand gagnant de l’épreuve orale et qui va donc s’envoler pour la finale des 9 et 10 avril à Paris. Comme les autres participants présents au lycée Younoussa Bamana de Mamoudzou ce mercredi, il a passé un à un les écrits, les TP(travaux pratiques) et les oraux depuis le mois d’octobre 2013.
Trois perles en blouse blanche donc, qui n’ont pas encore forcément réalisé que l’industrie chimique dégage 88 milliards d’euros de chiffre d’affaire en France comme le leur apprenait un de leurs professeurs, mais qui sont passionnés de sciences.
Bacar Badrati est en Terminale S au lycée de Chirongui. Elle a un an d’avance et du haut de ses 16 ans a du mal à tenir en place : «J’adore la chimie depuis le collège parce que je peux expérimenter, manipuler». Première de sa classe dans cette matière, elle arrive au bout d’une scolarité entièrement suivie à Mayotte, au milieu d’une famille de six enfants, dont un beau père convoyeur de fonds , «il est venu assister à la remise des prix !» L’année prochaine, c’est le grand saut vers la métropole et la 1ère année de médecine, appelée maintenant PACES, Première année commune aux études de santé.
Le second du palmarès est Antony Destouches, en Terminale S au lycée Younoussa Bamana de Mamoudzou. A 17 ans, Antony aime «la compet’», «ça me pousse, j’aime me surpasser, j’aime apprendre». Né à Mayotte où il a fait toute sa scolarité en dehors d’une maternelle en métropole, il vit avec ses grands-parents. «J’en avais tellement marre d’entendre qu’à Mayotte le niveau est nul, que ça m’a poussé à travailler plus, à compléter sur internet». Lui aussi se destine à la médecine.
Jongler avec les polymères
C’est donc Etienne Chauvet qui, d’une courte tête, «on a dû jouer les prolongations» disait Mohamed Kenzou professeur organisateur, l’a emporté. Arrivé à Mayotte en 3ème, il suit le lycée en Petite-Terre. Il a, comme Antony Destouches, participé aux Olympiades de Maths l’année dernière, «cela m’a beaucoup appris en terme de méthode et cette année sur le travail des polymères». Il ne compte pas suivre de préparation particulière avant de participer à la finale nationale sur le thème de «la chimie dans le sport». L’année prochaine, direction Lyon pour une classe de prépa intégrée à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) afin de devenir ingénieur.
Les Olympiades de Chimie, 30èmes du nom cette année, sont nées du rapprochement des industriels et du monde enseignant. Le but est de contrer la désaffection des jeunes pour la chimie et faire connaître la contribution de cette science à l’élaboration des connaissances et des techniques. La chimie aurait mauvaise presse. «En raison de son image liée au gaz moutarde de la 1ère guerre mondiale ou des expériences liées au génocide de la deuxième», pour Thierry Claverie, directeur de cabinet du vice-recteur, qui envisage plutôt la chimie comme «discipline majeure pour l’avenir de l’humanité notamment en matière de recyclage du plastique, du verre ou de pharmacologie… en tout cas porteuse d’emplois ».
Une organisation qui a été possible par la participation de la SMAE, Société Mahoraise des Eaux, ex Sogea, qui a notamment financé les transports vers les centres d’examen.
Badrati Bacar se pose en passeur de témoin : «J’ai beaucoup appris. J’incite les autres élèves à s’inscrire l’année prochaine !»
Anne Perzo-Lafond
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