Une formation, un métier à la clef… une des premières formations qualifiantes vient de se mettre en place à Mayotte qui devrait pouvoir compter sur les premiers jeunes bouchers en 2015, grâce à de multiples partenariats.
C’est un chiffre à donner le vertige : 5.000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail à Mayotte, quasiment sans débouchés. «Aucune entreprise, aucun maître d’apprentissage pour les accueillir!» Un état des lieux dressé par Jean-Denis Larroze, secrétaire général adjoint de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) qui a initié la création de l’Ecole des Métiers, qui inaugurait ce mardi son CAP boucher en présence de représentants du Conseil général, de l’AFD, du Centre universitaire, LADOM, du pôle emploi, du BSMA, de la Direction du travail et de l’emploi. Ida Nel était souffrante mais représentée par Stella Bagot.
L’absence d’artisan boucher sur l’île, alors que zébus et chèvres sont consommés localement, nécessitait l’appui technique d’une entreprise privée. C’est la société SRS d’Ida Nel qui a répondu présente. Le financement est multi-partenarial : Pôle emploi, le Conseil général et LADOM.
Ils étaient 168 à postuler, ils ne sont plus que 15 après avoir subi des tests : 7 filles et 8 garçons à avoir opté pour cette formation de CAP Boucher de 24 mois. La plupart inscrits à Pôle emploi, 4 viennent du BSMA (Bataillon du Service Militaire Adapté). Depuis mi-janvier, ils suivent des cours théoriques au Centre de Formation des Métiers de Majicavo, français, maths, physique-chimie, mais aussi Sciences appliquées à l’environnement et connaissance de l’entreprise, sans compter la partie théorique réservée à la boucherie. La pratique est assurée au sein de la société SRS par Jean-Claude Martret, élu de la CMA.
Un besoin urgent de formation des apprentis à Mayotte
Ils suivront ensuite un stage chez Jumbo score pour 4 d’entre eux, et dans les différents sites du Groupe Sodifram pour les 11 autres. Seule la formation professionnelle est dispensée à Mayotte, mais pas l’apprentissage, faute d’encadrement, «ils termineront donc leur formation en métropole à la Chambre des Métiers de la Nièvre et au Centre de Formation d’Apprentis de Marzy où ils passeront leur examen», indique Jean-Denis Larroze. Ils seront inscrits sur l’académie de Dijon, «un plus pour leur débouché», souligne Patrick Chauvin, de la CMA.
Avant même de commencer la formation, il a accueilli les jeunes avec leurs familles, «il fallait l’adhésion familiale au projet».
A écouter les jeunes, «la formation est intéressante» et même les filles s’y mettent de bon cœur, «il faut dire que nous n’avons pas à porter les carcasses pour l’instant, on les met sur les porte-palettes»… même la coupe, physique lorsqu’il y a un os, ne leur fait pas peur, «nous avons reçu une formation de deux semaines sur la maîtrise du couteau et du ficelage». Le principal problème est encore une fois le niveau scolaire, malgré le rattrapage proposé en français et en maths : «j’ai arrêté le Bac Pro à cause de ça et là, j’ai des notes très moyennes», commente Raphaël qui vient du BSMA.
Autre problème : l’indemnisation de 90 euros par mois ne leur a pas été versée, «une question de conventionnement lié à la réforme du financement de la formation professionnelle», explique Jean-Denis Larroze.
La Chambre des Métiers ne va pas s’arrêter là : «nous allons créer l’Université des Métiers de l’Artisanat et signer une convention avec le CUFR et le Centre National d’Arts et Métiers et proposer une formation sur matériaux de construction locaux comme le bambou ou la brique en terre». Et sur la lancée, d’autres CAP doivent être mis en place, «CAP poisson, traiteur, pâtisserie, métiers de la mode et certification de pizzaiolo».
Une des premières formations qualifiante et un bel exemple de partenariat public-privé qui pourrait en initier d’autres.
Anne Perzo-Lafond
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