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mardi 23 avril 2024
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Ca craque dans les établissements scolaires

Les agressions, incivilités et actes malveillants se multiplient ces dernières semaines à proximité mais aussi à l’intérieur de collèges et lycées du département. La réponse sécuritaire semble ne pas suffire et une prise de conscience urgente s’impose.

Le collège de Dembéni vide d'élèves hier après le droit de retrait des professeurs
Le collège de Dembéni vide d’élèves hier après le droit de retrait des professeurs

«Suite aux bagarres presque quotidiennes ainsi qu’aux agressions d’élèves et de professeurs, l’équipe éducative du collège de Dembéni a décidé d’exercer son droit de retrait ce lundi 24 mars.»
Le communiqué est concis et pose clairement le ras-le-bol des enseignants face aux tensions croissantes aux abords mais aussi à l’intérieur de l’établissement. Aucun élève n’a donc été accueilli hier.

A Dembéni, le collège et le lycée sont malheureusement habitués à faire face à des moments de tension. On évoque régulièrement ces bandes de villages différents qui viennent régler leurs comptes et leurs vieilles rancœurs. Les problèmes impliquant des jeunes qui ne sont plus scolarisés sont récurrents.
Mais les collégiens ne sont pas non plus étrangers à ce climat qui se tend. L’image d’épinal des gentils élèves que l’on décrit souvent à Mayotte a semble-t-il vécu. «A l’intérieur du collège, les tensions sont de moins en moins supportables, explique un professeur. Il y a les insultes en shimaoré à l’encontre des profs, les bagarres et les jets de pierre. Ce qui a fait déborder le vase vendredi, c’est un simple caillou reçu par une collègue au visage. Samedi, elle a craqué. C’est la première fois que je voyais une collègue pleurer en salle des profs.»

Les faits divers explosent

Le vice-recteur a reçu une délégation de ces professeurs, ce lundi après-midi. Il n’a pas reconnu la légalité de leur droit de retrait, cette journée ne leur sera donc pas payée. Pour autant, il semble avoir entendu leur mal-être. Deux surveillants et deux agents EMS (équipe mobile de sécurité) vont être affectés à l’établissement. «Ce ne sont pas des créations de poste, ils ont déshabillé Jacques pour habiller Paul et ces personnels vont sûrement manquer ailleurs», regrettait ce professeur.

Le mouvement des professeurs du collège de Dembéni n’est finalement pas très surprenant. Ces derniers temps, la liste des faits divers semble s’étirer sans fin impliquant des élèves, des bandes et de jeunes adultes aux abords des collèges et des lycées, sans explications évidentes.

Un véhicule de la police municipale sur le parking du collège de Dembéni celundi 24 mars
Un véhicule de la police municipale sur le parking du collège de Dembéni ce lundi 24 mars

Jeudi dernier 20 mars par exemple, une élève quitte le collège de Pamandzi en fin de matinée. Elle est alors violemment agressée par une lycéenne. La victime est évacuée à l’hôpital de Dzaoudzi et se voit délivrer un certificat médical mentionnant une ITT de huit jours. Le lendemain, c’est aux abords du lycée de Petite-Terre qu’une bagarre éclate puis une deuxième nécessitant à chaque fois l’intervention des gendarmes. Un jeune adulte serait le principal auteur de l’altercation. L’intéressé, «très défavorablement connu de la brigade de Pamandzi», a dû être maîtrisé pour être emmené à la gendarmerie.

Pour autant, sur Petite-Terre, si les problèmes semblent installés, les événements ne prennent jamais l’ampleur de ce qu’a pu connaître Passamainty jeudi dernier. Des jeunes y avaient caillasser un bus scolaire pour atteindre un collégien. L’altercation avait dégénéré en affrontement de rues entre la police et une centaine de jeunes.

Une réponse sécuritaire qui gère les crises sans les résoudre

A l’extérieur des établissements, à Pamandzi comme à Dembéni, des dispositifs de sécurité particuliers ont été mis en place : policiers municipaux et gendarmes assurent une présence particulièrement visible aux heures d’entrées et sorties des élèves. «Un principe de vigilance accrue est en place avec une volonté de sanctuariser les espaces scolaires», affirme-t-on du côté de la gendarmerie.

Le vice-rectorat aussi a tenté d’apporter une réponse avec la création, il y a quelques mois, des «équipes mobiles de sécurités» (EMS), qui doivent répondre aux moments de crises. La collaboration entre ces différentes composantes semble fonctionner, mais elle laisse sceptiques les syndicats d’enseignants. «On apporte une réponse ponctuelle alors qu’il faudrait plus de personnels expérimentés aux abords des établissements, qui connaissent les jeunes, critique Thierry Wuillez, secrétaire départemental du SNES. On a besoin d’un engagement sur du long terme et pas d’une ‘task force’ qu’on envoie ponctuellement.»

A l'intérieur des établissements, les tensions vont grandissant
A l’intérieur des établissements, les tensions sont de plus en plus fortes

Et si cette réponse sécuritaire semble nécessaire, elle ne règle en rien les causes de ces violences. «Nous sommes un établissement prévu pour 900 élèves, nous en avons 1650 actuellement. Comment voulez-vous garantir la sécurité des élèves et des enseignants dans ces conditions ?» se demande le professeur d’Iloni.

La dérive inquiétante d’une jeunesse scolarisée

Pour la rentrée prochaine, le vice-recteur aurait annoncé qu’une partie de l’équipe initialement prévue au collège de Kwale, encore en chantier, viendrait renforcer les effectifs du collège de Dembéni. Ce sont par exemple cinq surveillants et une CPE qui renforceraient ainsi des équipes usées par ce climat.

En attendant, le flux d’événements continue. Mercredi dernier, en début d’après-midi, les gendarmes sont intervenus après une agression au lycée de Sada. Un adolescent a été molesté par un homme sur le parking de l’établissement. Légèrement blessé, il a été raccompagné chez lui, mais il a décidé de retourner sur ce parking pour se venger. Le jeune s’en est alors pris à un autre adolescent et lui a porté quatre coups de couteau. Interpellé, il a été placé en garde puis présenté au juge des enfants.
D’évidence, les dérives de plus en nombreuses d’une jeunesse «intégrée» et scolarisée devrait alerter d’urgence parents, associatifs et responsables politiques.
RR

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