La situation ?conomique de l??le peut s?appr?cier sous diff?rents angles. Celui du volume de cr?dits octroy?s par les banques aux entreprises en est un, et met en relief un bouleversement du paysage entrepreneurial mahorais.
L?Institut d?Emission des D?partements d?Outre-mer (IEDOM) vient de publier les tendances de la fin de l?ann?e 2013. Si, globalement, davantage de cr?dits ont ?t? accord?s qu?en 2012 (+8,1%), ils sont tr?s disparates, et peu en faveur des plus petites entreprises.
En effet, les secteurs Industrie et Immobiliers repr?sentent pr?s de 63% des cr?dits accord?s sous l?impulsion de projets structurants d?envergure comme l?habitat social, l?eau et l?assainissement, ou la production et la distribution d??lectricit?. Dans la m?me veine, la progression spectaculaire de 5.428% sur un an des cr?dits en cours chez les grandes entreprises correspond ? la seule extension de la Centrale EDM de Longoni.
En revanche, les PME (Petites et Moyennes entreprises) se sont vues accorder deux fois moins de cr?dits que l?ann?e pr?c?dente, et si les TPE (Tr?s Petites) ont connu une l?g?re progression au dernier trimestre, sur l?ann?e 2013 elles p?tissent d?une diminution de 20% d?attribution de cr?dits.
En dehors des grands travaux structurants, impos?s par l??volution de la r?glementation, les ?tablissements bancaires n?auraient donc eu qu?une tr?s faible activit? de pr?t. Les taux n?ayant pas ?volu? ? la hausse, il faut chercher l?explication ailleurs.
La premi?re raison est l?attentisme face ? une p?riode de transition?: ?les transformations annonc?es, qu?elles soient administratives, fiscales ou relatives aux fonds europ?ens n?ont pas incit? les petits investisseurs ? se d?voiler en 2013?, indique le repr?sentant d?une institution financi?re de Mayotte.
Il y a deux semaines, la grogne de la CGPME (Conf?d?ration g?n?rale des PME) parlant de ?patrons exc?d?s? et, entre autres, de difficult?s de financement, de banques frileuses, d?aides financi?res inexistantes, avait donc ses raisons.
Restructuration des forces vives
Mais, outre l?absence de comp?tence qui freine l?obtention de garantie (par exemple d?cennale) donc de solvabilit?, les banques invoquent la difficult? de pr?ter sur un territoire peu bancaris? (faible nombre de comptes courants), ce qui implique que ?la collecte des ressources ?tant tr?s inf?rieure aux montants des pr?ts, nous ?valuons de pr?s les risques et la rentabilit? de chaque cr?dit octroy??. Des aides d?Etat ont pourtant ?t? distill?es aupr?s des maisons-m?res pour relancer l?activit? de cr?dit ? la suite de la banqueroute de 2008.
Autre point, qui peut ?tre mis en corr?lation avec l??volution statutaire de l??le, d?partement puis R?gion europ?enne ultrap?riph?rique?: plusieurs entrepreneurs ?historiques? de Mayotte, passent la main. Certains avan?ant en ?ge comme Mohamed Raza Hassanaly (Savonnerie de Mayotte), d?autres par difficult?s de tr?sorerie, Cananga, sans compter ceux qui, ayant ?t? refroidis par les ?v?nements sociaux de 2011, attendent de pouvoir vendre sans perdre leur mise. Ou encore d?autres, venus il y a 20 ans pour fuir ?la paperasse? administrative de m?tropole, ou pour b?n?ficier de d?fiscalisation, mais qui ne se retrouvent de toute mani?re plus dans un mod?le qu?ils ont perdu de vue.
Mayotte a besoin de vrais entrepreneurs, qui ont une vision de moyen et long terme de leurs investissements, et doit se donner les moyens de les attirer. L?adaptation au concept de l??conomie sociale et solidaire semble ?galement une formule adapt?e ? la culture locale.
L??le vit donc une p?riode de transition accentu?e par un attentisme qui ne sera relev? que par l?impulsion des investissements en ?cho ? l?arriv?e des fonds structurels europ?ens.
Anne Perzo-Lafond
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