Lorsqu’on est un organisme de formation, il faut sans arrêt adapter ses cursus, surtout que des tendances sont inquiétantes. C’est le but du Conseil de perfectionnement du BSMA qui se tenait ce mercredi matin à Combani.
A Mayotte, le marché de l’emploi est contraint, 36% de chômeurs officiels, 50% d’officieux, et l’avenir jamais très clair… comme le traduit le chef de corps du BSMA Stéphane Guillaume Barry, « en étant pessimiste raisonnable, le pire n’est jamais décevant ! »
Le Conseil de perfectionnement du Bataillon du Service Militaire Adapté, qui se tient chaque année avait lieu ce mercredi matin. C’est sa feuille de route, dresse un bilan de l’activité de l’année, et projette les bientôt 525 jeunes qui ont choisi la voix d’une année sous les drapeaux pour se former. Il se tient en présence de l’Etat, des acteurs de l’éducation et de la formation professionnelle et de l’insertion.
Une seule formation qualifiante est proposée, domaine plutôt échu à l’Education nationale, surtout du préqualifiant « plus adapté à nos jeunes » indique le chef de bataillon Benjamin Soubra. Le contrat impose en effet un quotta de 40% de jeunes illettrés à Mayotte.
Les mauvaises habitudes reviennent au galop
Les décisions à prendre reposent sur un postulat : « maintenir la performance de plus de 80% d’insertion, en formation qualifiante et rémunérée ou en emploi ». Leur réussite repose sur la « militarité » et sa rigueur, l’éducation au savoir vivre et l’employabilité. Mais ces causes sont aussi un challenge : pérenniser cette éducation sur la durée, les jeunes reprenant rapidement de mauvaises habitudes, « le stagiaire qui sort du BSMA n’est pas un produit fini ! » s’exclame le lieutenant colonel. Une réflexion est en cours sur un suivi à 6 mois après la sortie.
Autre réflexion qui portait débat ce mercredi matin à Combani, « la capacité de création d’emplois de l’économie locale est inférieure à la quantité d’individus qui arrivent sur le marché de l’emploi ! » notait Yves Mayet, IEDOM. C’est une des raisons de la mobilité, « 50% de nos jeunes quittent l’île » indiquait Benjamin Soubra.
Une tendance inquiétante était soulignée : de moins en moins de jeunes se présentent aux portes du Bataillon. « Beaucoup n’ont pas la carte d’identité »… le taux d’immigration étant constant, il faut creuser les motivations des mahorais concernés, et comprendre cette désaffection, « beaucoup sont médicalement inaptes ».
5 décisions pour l’année à venir
Les grandes décisions de ce Conseil de Perfectionnement touchent à la certification des formations, « en dehors de l’aquaculture, nous n’irons pas forcément chercher de qualification pour des jeunes qui ne peuvent y accéder ». En revanche, c’est une tendance inverse vers la qualification pour les cadres en charge d’une instruction spécifique.
La branche menuiserie aluminium sera amenée à se décentraliser vers les entreprises montantes pour former efficacement les stagiaires. La branche aquacole est toujours considérée comme à fort potentiel, mais le financement de la formation nécessitera de l’adosser l’année prochaine au Schéma directeur du développement de l’Aquaculture du Conseil général.
Enfin, le secteur qui devrait être moteur de l’économie mahoraise, l’agriculture, est encore en sommeil, « mais certains jeunes sont motivés. Si nous avons pris la décision de ne pas encore relancer la filière, nous leur donnons une chance à travers une formation en petits machinismes agricoles et en transformation alimentaire qui leur permettra de poursuivre une formation et décrocher un emploi en métropole où ce métier est en tension ».
C’était le dernier Conseil de perfectionnement au BSMA de Mayotte pour le colonel Guillaume Barry qui part vers ses cieux champenois.
Anne Perzo-Lafond
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