La séance plénière extraordinaire du département fut marquée par deux discours forts : celui de la victoire pour Daniel Zaïdani qui a mené le budget hors du champ de la tutelle, et celui de Sarah Mouhoussoune qui appelait à se pencher sur les problèmes de la population.
3 ans et déjà majeur ! Les élus du Conseil général débattaient autour d’un budget d’émancipation ce mardi 29 avril 2014 en séance plénière extraordinaire alors que le département n’en est qu’à ses balbutiements. L’excédent du Compte administratif (recettes et dépenses effectives) chiffré à 45 millions d’euros (43,9 M sur 2013 ajouté à l’excédent de 1,5 M€ sur 2012) est une oasis qui pourrait virer au mirage si la caravane s’égarait…
L’ambiance était à la fête, «c’est la première fois que je vote un budget non contrôlé», s’épanchait Issihaka Abdillah, conseiller de Bandraboua dans l’opposition, tandis qu’Issoufi Ahamada, Tsingoni, distribuait des bons points, «à Ahamed Attoumani Douchina pour avoir commandé en son temps de présidence un audit salvateur, et à mon président Zaïdani pour avoir redressé la barre en étant magnanime». Sans doute était-ce un petit flash back amer sur la leçon de morale comptable du ministre Lurel au président de l’exécutif devant le Tout Mayotte en octobre dernier…
Le lâchage des institutions financières
Nous l’avons décrit, les recettes supplémentaires sont abondées par un meilleur recouvrement des recettes, un surplus de taxes douanières pour 25 millions d’euros, l’appui budgétaire européen du 10ème Fed pour 11 millions d’euros pour 2013, la cession de foncier.
Des entrées exceptionnelles donc, qui incitent Issihaka Abdillah à la prudence lors du débat d’orientation budgétaire 2014, d’autant plus que des engagements persistent : «envers la Caisse de retraites à qui nous devons 9 millions d’euros, mais aussi en indexation des agents, sur les contrats territoriaux, sur le Contrat de projet Etat région et sur la capacité à investir sur les fonds européens, surtout que nous ne connaissons pas la dynamique apportée par l’octroi de mer».
Les rentrées douanières n’ont pu se faire qu’avec la reprise de l’activité économique, «des entreprises relancées par les investissements de l’Etat et par des factures que nous avons enfin honorées», admet Daniel Zaïdani, et cela, en dépit du «lâchage» de l’ensemble des institutions financières «dont l’AFD, seul le Crédit Agricole nous a apporté son soutien». Il sait la situation précaire et fragile, que la dotation supplémentaire de 9 millions d’euros du 10ème Fed va soulager, «il faut trouver une dynamique de créations d’emplois».
Un pont entre Petite et Grande Terre
C’est aussi le moment où le Conseil général doit prouver qu’il est capable d’assumer sa principale compétence, l’action sociale, comme le rappelait Sarah Mouhoussoune, conseillère de Dembéni, ancienne présidente de la Commission sociale : «nous devons être l’acteur majeur d’aide aux plus fragiles, renforcer l’équipes des travailleurs sociaux, réfléchir à l’insertion sociale, proposer une plateforme d’accueil des personnes âgées… Nous avons perdu toutes les associations qui travaillaient avec le Conseil général». Elle appelait à la création d’un Pôle de ressources associatives départemental qui regrouperait les associations et veillerait sur la dépense de l’argent public.
Pour s’assurer d’une aide efficace auprès de l’ensemble des communes, Daniel Zaïdani indiquait avoir commencé un «marathon communal» à Bouéni, Kani-Kéli, Bandraboua, Pamandzi, Mtsamboro pour définir les besoins des maires.
La dette réduite de 30 millions d’euros permet selon le président d’envisager de grands travaux à échelonner sur la deuxième partie de la période des fonds structurels européens, 2018, avec un pont entre Petite et Grande Terre, alors qu’un conseiller rappelait l’urgence d’un contournement routier de Mamoudzou.
L’année 2014 va être chargée puisqu’en plus du budget, il faudra reprendre le calendrier des départements «hors tutelle» et proposer le budget primitif 2015 dès ce mois d’octobre.
Anne Perzo-Lafond
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