Le meilleur moyen de remédier à la faillite de l’intercommunalité, c’est la recherche de l’intérêt collectif publiquement affichée par certains maires dans leurs échanges avec le préfet ce mercredi. Said Omar Oili appelle à la «solidarité territoriale».
Comme chaque trimestre, les maires étaient accueillis en préfecture pour débattre des évolutions législatives et des problèmes rencontrés pour les appliquer. Mais sur 17 maires, 13 étaient de petits nouveaux accueillis par Jacques Witkowski mercredi dernier à la Case Rocher, en présence des directeurs des services de la Préfecture, des directeurs des services déconcentrés de l’État, du Secrétaire Général aux Affaires Régionales, du Secrétaire Général Adjoint, et du Directeur de Cabinet.
Les échos sont positifs, chacun a pu s’exprimer, «sans langue de bois», précise Said Omar Oili, maire de Dzaoudzi Labattoir. Le même mot revient d’ailleurs dans sa bouche comme dans celle du préfet, celui d’«interactivité» fournie.
Le thème majeur fut l’intercommunalité, devenu à la mode à Paris parce que portée par le gouvernement actuel, existante depuis plus de 20 ans à Mayotte, avec plus ou moins de bonheur…
La formule ne fonctionne en effet que par l’utilisation efficace de la participation communale. «La somme totale dédiée à l’intercommunalité atteint 1,5 millions d’euros par an pour Dzaoudzi Labattoir, qui n’a bénéficié d’aucune construction de classes !» Si son maire souligne que le Syndicat Intercommunal de l’Eau et de l’Assainissement (Sieam) a pour l’instant tenu ses engagements, il critique vertement le Syndicat Mixte d’Investissement et d’Aménagement de Mayotte (SMIAM) «où les délégués se servaient au lieu de servir la cause». Une intercommunalité souhaitable, «mais qu’il faut savoir gouverner».
« Faites ce que vous voulez, mais faites-le ! »
Selon Jacques Witkowski, il y a urgence, «les années 2015 et 2016 seront, de toute manière, blanches en terme de constructions scolaires». Il s’est adressé aux maires sur le sujet de la structure de gestion idéale, SMIAM ou GIP, «faites ce que vous voulez, mais faites-le !»
Said Omar Oili faisait remarquer que Mayotte en maintenant la participation de l’Etat dans ce domaine faisait figure d’exception française, «si l’Etat applique le droit commun et arrête de mettre la main à la poche, nous serons dans l’incapacité de construire quoi que ce soit».
Même problématique sur la collecte et la gestion des déchets, le SIDEVAM 976, structure intercommunale en charge de la collecte et de la gestion des déchets est né ce mercredi 30 avril. C’est une victoire difficilement acquise et qui aura usée trois préfets. Initié sous Hubert Derache, poursuivie par Thomas Degos, c’est au forceps que Jacques Witkowski l’a obtenue : les 4 anciens syndicats sont dissous, et l’arrêté ordonnant la fermeture des décharges actuelles, illégales, sera appliqué au 1er juillet. La décharge unique ISDND ouvrira en juin.
Parler d’une seule voix
Mais de la même manière, le futur président du SIDEVAM 976 devra fédérer tout ça, «l’Etat ne peut faire plus, nous abondons de 5 millions d’euros bien que ce ne soit pas notre compétence», soulignait le préfet devant les maires.
La difficulté va être pour les maires d’être unis, «notre salut passe par la solidarité territoriale, notamment pour parler d’une seule voix à Paris», martèle Said Omar Oili qui postule à la présidence de l’association des maires. Il indiquait notamment au préfet vouloir revenir sur l’ordonnance prise l’année dernière qui limite les ressources fiscales des communes au FIP 2012, «tout dépassement basculerait vers le fonds de compensation du Conseil général. Ce qui gèle automatiquement les salaires et l’indexation».
D’autres thèmes ont été abordés, comme la fiscalité ou la responsabilité des maires : plusieurs d’entre eux se plaignaient de trouver des loups dans les placards. Jacques Witkowski proposait des audits gratuits dispensés par la Direction régionale des finances publiques (DRFIP).
D’autres rencontres auront lieu, «nous espérons même en être les moteurs. Il faut envisager l’Etat comme un accompagnateur», concluait le maire de Dzaoudzi Labattoir.
Anne Perzo-Lafond
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