Recruter un autochtone plutôt qu’une personne arrivant de l’extérieur de l’île, c’est ce que demandent les «Femmes leaders» qui manifestent ce mercredi à 8 heures à Doujani.
Le point de départ du mouvement est clair, tant le mot d’ordre «tout sauf les Comores» avait été mis en avant contre le choix du directeur du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) qui a longtemps travaillé dans les îles voisines. Les Femmes leader avaient été aussitôt désavouées par le président du département Daniel Zaïdani.
Le mot d’ordre a désormais été élargi : pour Moinaïcha Aniki, il s’agit avant tout de demander que «nos jeunes diplômés aient accès à l’emploi».
Selon elle, la colère est montée lorsqu’un cadre informaticien métropolitain d’Electricité De Mayotte a été recruté. «Le profil de poste publié était calqué sur lui. Du coup, un Mahorais qui avait la même compétence a été écarté», affirme Moinaïcha Aniki. L’informaticien aurait également cherché à faire employer sa femme. «A quel moment nos jeunes qui ont obtenu un master 2 vont-ils travailler ?», se demande-t-elle.
Même combat selon elle au CNFPT, «quatre administrateurs mahorais se sont présentés, deux avaient le diplôme requis, mais ils n’ont pas été retenus».
Le quota, une fausse bonne idée
Ce problème avait été soulevé pour les fonctionnaires par le député Patrick Lebreton, auteur d’un rapport sur la régionalisation de l’emploi dans les DOM : «priorité aux candidats ayant des Centres d’intérêts matériels et moraux à Mayotte», avait-il plaidé, tout en mettant en garde, «pas de ségrégation basée sur la couleur de peau ! Est Mahorais celui qui veut s’investir pour Mayotte».
En garantie, les Femmes leader demandent des quotas, «ça existe dans d’autres départements». Or, si la revendication de la préférence locale à compétence égale est juste, l’introduction de quotas est risqué: il peut être la porte ouverte à moins de performance, à choisir le moins bon entre deux candidats pourvu qu’il soit du cru.
Il arrive, en Métropole aussi, qu’il y ait une discrimination à l’emploi. Pour l’éviter à Mayotte, il faudra sans doute que la peur du clientélisme, d’une gestion sur le mode de la grande époque du «SMIAM» où l’argent s’évaporait, ne soit plus qu’un mauvais souvenir.
On le voit, la frontière entre le racisme et le discours authentique est friable dans ce domaine de préférence locale. En attendant, au CNFPT, un directeur a été nommé qui se demande quand il va enfin pouvoir commencer les formations des élus.
Les Femmes leader partiront devant le CNFPT de Doujani à 8 heures et se dirigeront vers EDM à Kawéni.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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