Les madrassas de Sada et Combani ont organisé une sortie à Saziley et sur l’îlot de sable blanc. 170 enfants ont profité d’une journée éducative, en lien avec les enseignements de ces écoles coraniques.
Ils sont partis au petit matin en bus de Sada et de Combani. Pour ces élèves de trois madrassas, destination le village de Mtsamoudou. Ces enfants sont habitués à circuler à Mayotte, ils participent régulièrement aux madjiliss, les fêtes des écoles coraniques organisées dans les villages. Mais deux fois par an, leur madrassa leur prépare une journée de découverte de Mayotte.
«Ça fait quatre ans qu’on organise ce type de sorties, deux fois dans l’année, mais nous n’avons jamais eu autant de monde. 170 jeunes plus 60 parents et accompagnateurs, c’était une vraie expédition», sourit Moustoifa Hamada, de l’association AESC, qui gère une madrassa à Sada. «A chaque fois, on change de lieu et d’animations. La première sortie, nous l’avions organisée à Soulou où les Naturalistes avaient expliqué aux enfants l’histoire de l’usine sucrière puis à la retenue collinaire de Combani où des agents de la SOGEA avaient parlé du cycle de l’eau à Mayotte et de l’importance de la consommer avec modération».
Découverte de l’îlot de sable blanc
Cette fois-ci, à partir du village de Mtsamoudou, les enfants et leurs accompagnateurs ont commencé la journée par une randonnée jusqu’à la plage de Saziley. Le programme : baignade et natation sous la surveillance de maîtres-nageurs, sketchs et tours de magie par M’zé Msafiri, un humoriste magicien, et mieux encore, découverte de l’îlot de sable blanc.
Les bateaux de Mayotte Expl’eau et Planète bleue ont assuré, toute la journée, des navettes avec dix enfants et deux accompagnateurs à bord pour que chacun puisse mettre les pieds sur ce petit bout de paradis. «C’était la première fois qu’ils allaient sur l’’îlot de sable blanc, c’était aussi pour certains, la première fois qu’ils montaient en bateau, relève Taz de Mayotte Expl’eau. Et du coup, il y avait une telle ambiance qu’on s’est tous pris au jeu, jusqu’à faire des courses ou des ‘acrobaties’ sur l’eau. A la fin de la journée, on était aussi contents que les jeunes et même fiers d’y avoir participé. C’est bien la preuve que quand des associations savent s’organiser et veulent trouver des budgets pour les jeunes, elles y arrivent !»
Des loisirs compatibles avec l’islam
Une sortie comme celle-ci a coûté 6.000 euros aux organisateurs, entièrement financée par une petite participation des enfants. Mais pour ces madrassas, ces journées éducatives sont importantes car elles complètent l’enseignement de l’islam.
«Dans les madrassas, on apprend le coran, la langue arabe, la législation islamique mais on veut aussi que nos jeunes soient ouverts et cultivés. On veut leur montrer que la pratique de leur religion n’interdit pas les activités de loisir, de sport, de découverte et d’émancipation, à condition qu’elles respectent les limites du texte sacré», explique Moustoifa Hamada.
Ainsi, filles et garçons s’installent chacun d’un côté de la plage permettant aux jeunes filles de se découvrir pour se baigner avant que tous se retrouvent pour partager le repas et les autres activités. «Ces sorties présentent une vision de l’islam peu habituelle à Mayotte mais qui est nécessaire pour que les nouvelles générations assument leur identité et soient épanouies face à la modernisation», rajoute Moustoifa Hamada.
Ces madrassas réfléchissent maintenant à organiser des sorties à l’extérieur de Mayotte. La Réunion, Maurice ou les Comores, ces voyages seraient l’occasion de nouvelles découvertes pour des jeunes qui n’ont jamais pris l’avion et de contacts avec d’autres écoles coraniques de la région.
RR
Le Journal de Mayotte
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