Le maire de Dzaoudzi Labattoir qui a déposé le dossier de création d’une communauté de communes avec Pamandzi, se plaint d’un prix de ramassage des déchets prohibitif.
L’affaire de la gestion des déchets n’en finit plus de rebondir à Mayotte. Après avoir accepté, après des années de négociation, que les syndicats intercommunaux de collecte des déchets auxquels ils adhéraient soient dissouts, les maires s’étaient fait tirer l’oreille pour adhérer au syndicat unique, le SIDEVAM 976.
Une fois celui-ci constitué, et le Centre de traitement de déchets non dangereux (ISDND) de Dzoumogné fonctionnel, certains font leurs comptes. Et ils sont mauvais : « je payais 755.000 euros par an à l’ancien syndicat de ramassage de Petite Terre, la somme a grimpé à 1,1 million d’euros avec le SIDEVAM pour un travail qui est mal fait ! », s’étonne Said Omar Oili, maire de Dzaoudzi Labattoir en Petite Terre, et président de l’association des maires.
Il a déjà dû verser 300.000 euros cette année, « ça plombe mon budget, surtout que cela sert à payer le fonctionnement du SIDEVAM, non son investissement ! Et lorsqu’un camion tombe en panne, nous n’avons aucun interlocuteur et les déchets jonchent le sol ».
« Quand la commune est sale, on se plaint au maire»
Sur l’ensemble des dix-sept communes, quatorze avaient adhéré au SIDEVAM pour la collecte et le traitement, « malgré les prix prohibitifs, Mamoudzou et Koungou l’ont intégré », rapporte Said Omar Oili. Il faut dire que le maire de Koungou est le président du SIDEVAM.
La somme demandée est passée de 50 euros par an et par habitant, à 80 euros. Le maire y voit un risque de « saigner la population sans retour sur investissement. Je préfère contrôler le travail car lorsque la commune est sale, les habitants ne vont pas voir le président du SIDEVAM mais le maire ».
Said Omar Oili a d’autres craintes, « nous devons utiliser les fonds européens dans ce domaine aussi. Mais l’Europe versera zéro euro si leurs directives comme le tri sélectif ne sont pas respectées, car nous n’avons aucune dérogation dans ce domaine. Et c’est la France qui paiera les pénalités ».
On le voit, l’élu est déterminé, et c’est avec tous ces arguments qu’il va rencontrer le préfet pour en discuter ce lundi, le représentant de l’Etat (trois préfets successifs !) ayant piloté le passage à un syndicat unique. Dzaoudzi reste néanmoins adhérente du SIDEVAM pour le traitement des déchets.
C’est dans le cadre de la communauté de communes qu’il souhaite créer avec Pamandzi qu’il compte mettre en place le ramassage sur Petite Terre, « avec un achat commun de camion, de tractopelle ou de divers outillages, et nous confierons cette tâche à un privé ».
En effet, chaque commune reçoit sa dotation globale de fonctionnement, 2 millions d’euros pour Dzaoudzi et 1,4 million pour Pamandzi, « auxquels vont se rajouter environ 2 millions d’euros pour l’intercommunalité, vers laquelle va basculer le personnel de la mairie. Nous pourrons nous concentrer sur nos vraies missions, comme l’état civil, et laisser l’aménagement ou l’état des chaussées à la communauté de communes ».
Pour que cette union voit le jour, le préfet doit prendre un arrêté. La présidence de « l’interco » sera assurée tour à tour par chacune des communes, « ce sont les 15 conseillers communautaires des deux côtés qui votent ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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