L’expression ne vient pas d’un directeur de cabinet de la préfecture ou bien des forces de l’ordre, mais du maire de la deuxième plus grosse commune de l’île, Assani Saindou Bamcolo. Elle s’adresse de surcroit au premier représentant de l’Etat à Mayotte à ses côtés.
Le préfet Seymour Morsy était en effet en déplacement à Koungou ce mardi 28 octobre, comme il le fait depuis maintenant un mois dans l’ensemble des communes de l’île. Et comme dans les autres communes, il rappelait que le document cadre Mayotte 2025 s’écrirait avec les mots des habitants de l’île, et tout de suite, « l’idée est de construire Mayotte d’ici 2025, avec la synthèse des ambitions des communes ».
Alors que Pamandzi s’est totalement appropriée cette vision, à Koungou, l’équipe municipale reste sur des préoccupations quotidiennes, et assez éloignées de la construction d’un document cadre, puisqu’on a surtout parlé sécurité et aménagement.
Les abords des établissements scolaires ont été sécurisés, indique Seymour Morsy, « et nous voulons faire de la délinquance de chapardage une priorité ». Que n’avait-il dit ! « Il n’y a pas de délinquance à Koungou ! », interrompait le maire, « nous avons fait venir l’humoriste Gohou, suivi par un festival, il n’y a eu aucun incident. Il n’y a dans notre commune que des jeunes qui ont besoin d’être encadrés, il nous faut des infrastructures ! ».
Des annonces pour la commune
Il est vrai que l’encadrement des concerts avait été pensé intelligemment avec la jeunesse du coin, mais le préfet faisait aussitôt remarquer le nombre de plaintes déposées, « il est vrai en lien avec les derniers affrontements entre les jeunes de Majicavo et Kawéni ».
Un bilan était tiré du retour de la commune dans les Contrats Urbains de Cohésion sociale (CUCS) dont l’avait sorti le précédent maire, et du CLSPD (Conseil de Prévention de la Délinquance), « ça a apaisé le climat », indiquait le DGS Abdou Salam Baco.
Le préfet n’était pas arrivé les mains vides et annonçait l’intégration de Koungou dans la Nouvelle Géographie prioritaire de la politique de la ville, qui est censée compiler tous les dispositifs existants dans ce domaine, « ainsi que de nouveaux contrats aidés, mais qui seront formés auparavant ».
Lutter contre l’insalubrité
Avant de faire le tour de la commune, de Longoni à Majicavo Lamir, en passant par l’électrification à Koropa, ou les « rivières qui creusent » de Trévani et Kangani, le préfet, les sous-préfets Bruno André et Philippe Laycuras, le représentant de la DEAL (Equipement), étaient guidés par les élus dans le méandres des quartiers d’habitats informels à Koungou.
Le maire Assani Saindou empêche toute construction en dur sur ces terrains appartenant à la mairie (à droite en montant à la mairie), pour pouvoir l’aménager.
Et c’est le deuxième plus gros bureau d’étude agréé par l’Etat, Ashmi, qui est chargé des études de faisabilité, « elles seront closes fin novembre », explique Alima Moumini à la tête de la société. Ensuite viendra la viabilisation par la mairie, l’eau, l’électricité et l’assainissement, « peut mieux faire dans ce domaine ! », glissait le préfet en enjambant un ruissellement nauséabond en provenance des cases en tôles. Et enfin, la mairie attend l’engagement officiel de l’Etat sur une urbanisation de la zone pour des logements en dur.
Koungou, avec ses habitations « qui poussent dans une nuit », explique Assani Saindou , sous l’effet d’une population « venue d’ailleurs », comme le dira Seymour Morsy, part de très bas, et a encore du mal à projeter des ambitions à hauteur du travail en cours sur un document cadre territorial.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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