La dengue ne s’est jamais autant invitée dans l’actualité. Alors que l’Agence régionale de santé (ARS) fait un point sur le virus au début de la saison des pluies, Sanofi Pasteur annonce un vaccin pour le 2e semestre 2015.
Les pluies sont de retour et avec elles les moustiques, les maladies qu’ils peuvent véhiculer… et les annonces de l’Agence régionale de santé (ARS).
Avec 519 cas diagnostiqués et confirmés à Mayotte cette année, l’ARS rappelle que la dengue s’est offert une poussée épidémique que notre département n’avait plus connue depuis bien longtemps. Bien sûr, nous sommes très loin de l’épidémie de Chikungunya qui a concerné jusqu’à 6.000 personnes par semaine aux Antilles. Malgré tout, jusqu’au mois d’avril, la situation a inquiété les autorités. La raison : le «sérotype» de la dengue qui nous a concernés.
Il existe en effet plusieurs souches de ce virus. Et si on estime que la plupart de la population de Mayotte est immunisée contre un type de dengue, c’est une nouvelle souche qui s’est invitée à Mayotte, avec un risque d’apparition de cas graves.
La crainte ne s’est finalement pas concrétisée. Très peu de patients ont été hospitalisés pour des formes aggravées du virus et, bien heureusement, aucun décès n’est à déplorer.
Nettoyage et insecticide
Mais la peur a eu le mérite de changer de nombreuses mentalités. Le grand public a été activement sensibilisé pour s’impliquer dans la lutte contre les moustiques qui transmettent la maladie, en agissant contre leur prolifération. L’Aedes Albopictus, le moustique tigre qui véhicule la dengue, dépose ses larves dans de toutes petites quantités d’eau. Une coupelle suffit à son bonheur… mais une canette qui traine ou un pneu abandonné rempli par la pluie aussi. D’où la mise à contribution inédite des communes, par l’ARS et la préfecture, pour nettoyer les rues de leurs villages et les débarrasser au maximum de tous les détritus qui pourrait stocker de l’eau stagnante.
Le moustique vecteur de la dengue ne se déplaçant rarement au-delà d’une cinquantaine de mètres, nettoyer l’environnement proche des habitations est un bon moyen d’éviter d’être piqué.
L’ARS a également mené de vaste campagne de démoustication. Les pickups du service de «lutte anti-vectorielle» (LAV) équipés de pulvérisateur d’insecticide ont circulé dans de nombreux villages pendant plusieurs semaines. Le produit, la deltraméthrine, détruit les insectes mais aussi tous les animaux à sang froid. Son emploi massif n’est, selon l’ARS, pas dangereux pour l’homme mais il pourrait commencer à poser des questions quant aux conséquences pour notre environnement. Il tue en effet, en plus des insectes, les animaux à sang froid et donc, par exemple, les lézards et autres geckos.
Un vaccin pour la fin 2015
Mais cette crainte d’une épidémie massive dengue à Mayotte pourrait ne pas durer longtemps. Le laboratoire français Sanofi Pasteur a annoncé la commercialisation d’un vaccin pour le 2e semestre 2015. Avec ce vaccin, «le taux de protection contre la dengue sévère atteint 95,5%», précise le laboratoire. Si les conséquences positives en termes de santé publique seraient évidentes, l’enjeu est également important pour Sanofi. Le groupe français aurait, en effet, investi plus de 1,3 milliard d’euros dans ce projet et les ventes annuelle de ce vaccin pourrait dépasser le milliard d’euros.
On estime le nombre de personnes infectés par la maladie à plus de 50 millions chaque année et 2,5 milliards d’individus seraient exposés en Amérique latine, en Asie et bien entendu en Afrique… mais aussi dans les pays occidentaux. Mondialisation oblige, le moustique a été observé dans plusieurs départements métropolitains ces derniers mois et le 1er cas a été signalé en France, dans le Var, au mois d’août dernier.
En attendant le vaccin, avec les premières averses de la saison des pluies et avant le début des mois de déluge, l’ARS nous demande donc de reprendre nos bonnes habitudes en éliminant les eaux stagnantes et en nous protégeant des piqures de moustiques.
RR
remi@jdm2021.alter6.com
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