Verdict plutôt rare ce mercredi à la barre du tribunal correctionnel qui avait bien du mal à distinguer les torts de chacun dans une première affaire. Quant à l’autre, la position était peu défendable.
CARNET DE JUSTICE DU JDM. C’est l’histoire de deux tourtereaux, amoureux, mais dont la belle a un souci, elle n’a plus de crédit pour appeler son bellâtre. Pas de problème, alors qu’il doit remettre une carte bleue à son propriétaire, il en note le numéro ainsi que le pictogramme.
Lui transmet-t-il ? Lui a-t-il dit qu’il s’agissait d’une action frauduleuse ? Les note-t-elle à son insu ? L’histoire ne le dira pas, puisqu’il reste muet sur le sujet à la barre. Ils se séparent au bout de deux mois, courant 2011, non sans que l’accro au téléphone ait passé quelques coups de fil, en rechargeant auprès de l’opérateur avec les numéros magiques.
Elle continue d’ailleurs, même après leur séparation, et ça n’est que deux ans plus tard que le propriétaire de la carte bleue s’apercevra du prélèvement de petites sommes… 70 au total qui font quand même grimper la facture à 2 500 euros !
Retracer le numéro de téléphone est aisé et il remonte jusqu’à Dimati dont le père propose de régler les dettes de son fils, qui n’a jamais utilisé les numéros pour son propre compte. « A 32 ans, et alors que vous travaillez comme conducteur de bus, vous ne pouvez pas indemniser la victime ? », s’étonne le juge Rieux qui présidait l’audience en collégialité.
S’il y a bien complicité d’escroquerie pour le procureur, l’escroquerie en elle-même est plus difficile à caractériser, les intentions n’étant pas précisément connue, sans certitude que l’utilisatrice, encore mineure lors du déroulement des faits, ait été informée. Il demandait par contre une peine de 800 euros d’amende pour Dimati.
Les avocats des deux prévenus rejetaient respectivement la responsabilité sur la partie adverse, et la position du principal suspect tendant à protéger son ancienne copine, actuellement étudiante en section commerce, le tribunal décidait de les relaxer tous deux.
C’est un verdict plus sévère qui conclut les agissements de M.M. Il se rend chez un commerçant voisin avec un chèque de 3 700 euros déjà rempli. Ce dernier lui fournit de la marchandise et complète en lui donnant du liquide. « Ça ne vous a pas étonné ? », s’enquiert le juge Rieux. « Non, il est dans la construction », répond le commerçant.
De fait, la pratique est courante à Mayotte, et pas seulement dans le bâtiment, où peu de gens possèdent un compte en banque et qui échangent des chèques contre de la monnaie sonnante et trébuchante. C’est le commerçant qui va trébucher pour le coup lorsque son chèque est rejeté par la banque. Normal, il est contrefait.
Pas de problème, M.M. revient avec un deuxième chèque, tout aussi falsifié, mais il passe. Le propriétaire ne met pas autant de temps que la première affaire pour voir fondre son compte. Il dépose plainte, récupère ses 3 700 euros dont le commerçant se voit débité.
Ils réclament tous deux justice à la barre. « Je m’engage à rembourser », assure le prévenu. « L’engagement c’est ce qui coûte le moins cher », lancera le juge dubitatif qui le condamnera à 6 mois de prison avec sursis, et à payer 3 700 euros au commerçant floué et 100 euros de dommage au propriétaire du chèque.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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