On se pressait pour assister aux vœux du préfet vendredi soir. Son tour de chauffe des communes dès son arrivée aura permis à Seymour Morsy de rencontrer tout ce que Mayotte compte d’élus, de cadres des collectivités, qui avaient répondu en nombre.
S’il a voulu cette forte présence, les vœux du préfet de Mayotte poursuivaient sur ce même thème rassembleur et non moralisateur, « ne changez pas, c’est ce qui me donne envie de rester à vos côtés », lancera-t-il d’ailleurs, dans une Case Rocher où les élus ont davantage l’habitude de se faire remonter les bretelles. Autre temps, autre méthodes…
En ce début d’année chaotique, le représentant de l’Etat était surtout attendu sur le sujet des attentats de Charlie Hebdo qu’il voit comme une double injure : « à la vie humaine qui n’a pas de prix, et au respect pour l’une des plus belles religions du monde, car dans le Livre il est écrit qu’il faut convaincre et non contraindre ».
Il ne parlera de sécurité que sur questions des journalistes lors d’un point presse ultérieur : « elle est renforcée par des patrouilles autour des lieux de culte, mais on se met au niveau des inquiétudes que l’on a », nuançait-il sous-entendant le moindre risque dans ce département français spécifique, à 95% musulman, et « où la communauté mahoraise a été d’une dignité absolue ».
La méconnaissance des religions sert souvent de base à l’amalgame, « on met souvent sur le compte des religions des phénomènes extrémistes qui sont des rébellions individuelles », terminait-il.
Mayotte 2025 livré en février
L’inventaire de l’année 2014 le fut sur un mode Prévert pour les faits divers, des dégâts de la tempête Hellen, avec l’arrivée prochaine des réparations financières, aux accrochages des jeunes de Kawéni-Majicavo, en passant par les 5 blacks out « qui posent problème », juge-t-il.
Sur le plan institutionnel, Seymour Morsy mettait en avant les 5 visites officielles, l’arrivée de la fiscalité locale, « un droit commun qui amène des contraintes communes », la nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville, la mise en place du Service Départemental d’Incendie et de Secours. Il rappelait les 14 millions d’euros débloqués pour les constructions scolaires.
Les chantiers à venir sont nombreux. Le document de rattrapage Mayotte 2025 d’abord, dont une version « stabilisée » devrait être livrée début février et qui sera financé par les deux exercices de fonds européens et de Contrat de projet Etat-région de 2015 à 2025, « 600 millions d’euros rien que sur la première échéance entre l’Europe, l’Etat et le Conseil général ».
L’Intercommunalité ensuite dont s’est déjà dotée Petite Terre, et qui permet de « regrouper les compétences surtout dans les domaines à fort besoin en technicité ».
Tourisme et délinquance
L’idée d’un Etablissement public Foncier que les élus demandent depuis plusieurs années en réponse à l’incertitude foncière, semble avoir mûri, « il ne faut plus douter du terrain sur lequel on vit ».
Il met en lien l’indispensable montée en puissance du développement touristique avec la sécurité et la délinquance « qui concerne les maires, les parents, les forces de sécurité. L’image du département en souffre alors que la générosité des habitants est infinie ici ».
C’est un des deux points forts de la conclusion des vœux préfectoraux, avec celui de la réussite scolaire liée à l’inversion de la courbe de la surpopulation scolaire permise par les nouvelles constructions, « ne boudons pas notre plaisir ! », invitait-il faisant taire les détracteurs du mode de construction choisie. Il préconise des internats pour le second degré.
En dehors de l’hommage religieux de départ, des vœux tout en rondeur donc, où transpire une exigence sur laquelle il ne tergiverse pas depuis qu’il a posé le pied sur l’île, « l’envie de faire », qui l’incite à appuyer ceux qui sont dans la construction.
Avant de décorer Marie-Josée Laycuras, il rendait hommage aux préfets précédents, dont Jacques Witkowski et Thomas Degos « de là où ils sont, ils pensent à Mayotte », qui faisaient ainsi presque office de saints patrons depuis le ministère de l’Outre-mer…
Ce n’était pas la femme du sous-préfet Philippe Laycuras qui recevait la décoration d’officier du mérite agricole, mais bien Marie-Josée, celle qui aura toujours servi l’agriculture et déjà détentrice des palmes académiques.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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