Club, syndicat ou comité… Electricité de Mayotte (EDM) ne sait pas encore trop comment nommer sa bonne action : faire travailler les entreprises accréditées pour permettre aux particuliers de bénéficier de subventions.
« Une première dans les DOM ! », précise Yacine Chouabia, le directeur général d’EDM, qui parle d’un partenariat « gagnant-gagnant-gagnant » : « nous allons aider des entreprises à être labellisées RGE, Reconnu Garant de l’Environnement, liées à des aides aux particuliers qui y ont recours, pour que l’ensemble de l’île voit baisser sa facture énergétique. »
14 professionnels ont répondu présents, « pas des majors qui travaillent plutôt sur des marchés publics, mais des entreprises qui sont en cours d’obtention de la garantie décennale* ou qui l’ont déjà, comme Rousseau Padial, et qui peuvent espérer de nouveaux chantiers à la clef, impliquant des créations d’emploi ».
En amont, la réflexion menée depuis plusieurs années par EDM qui ne pourra fournir de l’énergie au rythme où l’Etat construit les écoles, et alors même que la marge d’équipements des foyers, donc de la demande en électricité, est forte.
L’extension Longoni 2 a succédé à Longoni 1, et la centrale Longoni 3 est envisagée à l’horizon 2020, mais une action sur la consommation (+5,5 % en 2013) est menée depuis plusieurs années : mise à disposition d’ampoules basse consommation, « 38 000 en 2014 à un euro au lieu de 7 euros », subventions aux chauffe-eaux solaires, création d’un espace Info-énergie itinérant en partenariat avec l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’Energie), des sentiers de l’énergie avec les Naturalistes… »
Intéresser les entreprises et les particuliers
Cette action a posteriori, EDM en veut son accompagnement en amont : « il faut intéresser l’entrepreneur à la conception d’un bâti non énergivore. » Tout doit être prêt pour l’arrivée de la labellisation RGE au 1er octobre 2015.
La formation pour les chefs d’entreprise membre du « Club EDM » se déroule sur trois jours cette semaine, avec 6 objectifs étroitement liés : décrocher la qualification Qualibat et la reconnaissance RGE, devenir acteur de l’amélioration énergétique, permettre aux entrepreneurs de proposer des aides fiscales à leur clients, s’informer sur les technologies, maîtriser l’approche globale de l’énergie et promouvoir les économies d’énergie et les services associés.
Pour les entreprises, l’objectif est évidemment de se professionnaliser dans un domaine où Mayotte est gagnée par les normes, « 2017 pour la réglementation thermique », indique Gregory Stoops, chef de projet maîtrise de l’énergie, et donc de décrocher de nouveaux marchés : « c’est comme une jeune équipe de foot qui doit monter en puissance… Elles seront ensuite prises en charge par l’ADEME ou OPCALIA pour les formations, et par émulsion, d’autres s’inscriront, pour une montée en puissance des compétences ».
Des aides d’Etat dont seuls les initiés voient la couleur
Le contexte du marché mahorais et ses nombreux auto-constructeurs est pris en compte, « c’est pour les épauler que nous mettons en place des aides qui leur assurent un même prix pour un équipement plus performant ».
Deux aides d’Etat sont rappelées : le Crédit d’impôt Transition Energétique, une réduction d’impôt de 30% des dépenses d’équipement, sans condition de ressource, pour une rénovation sur une habitation principale achevée depuis 2 ans, qui peut se combiner avec l’Eco prêt à taux zéro. Des avantages qui passent sous le nez des habitants si aucune entreprise n’est labellisée et/ou sollicitée. Il fallait une carotte. Elle est fournie par EDM.
L’opérateur accompagne en effet le mouvement en mettant en place ses propres aides : à l’isolation performante sur la laine de verre qu’elle propose à 8 euros le m2, « un allègement de 50% de la facture », sur les matériaux de toitures où l’aide de 15 euros le m² met la tôle épaisse notamment d’Arcelor Mital au même prix que la maigre tôle traditionnelle, sur les protections solaires avec 40 euros du m² offert sur les vitrages protégés « un travail que nous menons avec Colas sur les modulaires pour l’Education nationale » et enfin, sur les brasseurs d’air avec la moitié du prix offert par EDM.
Une baisse de consommation qui peut atteindre 25% de la facture, selon EDM. Les clients intéressés peuvent contacter l’Espace Info Energie* formulaire de contact, présent à Sada ce samedi.
Les offres à venir concerneront l’aide à l’équipement en réfrigérateurs et congélateurs des ménages mahorais et les lampadaires solaires pour l’éclairage public à disposition des collectivités.
Un Club-couveuse qui pourra évoluer vers une fédération autonome ou adhérente à une confédération, pour un renforcement de leur poids dans l’économie et une défense commune de leurs intérêts.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*0269 620 626
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