Si les Cités des métiers existent depuis 1993 en métropole, c’est une toute jeune structure qui tente de relever le défi de l’orientation et de la formation à Mayotte. Elle ne manque cependant pas d’ambition.
Implantée à Mayotte en août 2013, la Cité des Métiers de Mayotte peut faire un premier point sur une année pleine. Implantée en face du lycée de Mamoudzou, elle est proche de son cœur de métier : les jeunes et l’orientation professionnelle.
La Cité des Métiers est censée réunir dans un même lieu des professionnels de la formation, de l’orientation, de l’emploi du bilan et de la création d’activité.
A Mayotte, ils interviennent à tour de rôle dans ses locaux, au rythme d’un calendrier qui répond à deux options que définit Bacar Achiraf, son président : « soit on impose les thèmes, comme celui de l’illettrisme, soit les établissements scolaires ou les centres de formation nous sollicitent pour programmer une formation, comme c’est le cas actuellement sur la petite enfance ». Ces professionnels peuvent également directement intervenir en lycée.
Les intervenants ne donnent pas de cours mais délivrent des outils. Ils interviennent bénévolement, en étant détachés par leurs structures, le CHM, l’Ecole d’Apprentissage maritime, la CSSM, le CRIJ…
Pas de travail pour tous à Mayotte
Tous les jours, ce sont 14 ordinateurs, une salle de documentation et des bureaux d’entretien individuels qui sont à la disposition des lycéens, des demandeurs d’emploi en recherche d’orientation, ou des salariés qui souhaitent se réorienter.
Une salle de visioconférence sera bientôt inaugurée. Elle devenait indispensable, le précédent contact avec l’extérieur n’ayant pu être réalisé que grâce à la mise à disposition du matériel du CNFPT, « nous avons pu échanger avec des intervenants d’Inde, du Brésil, de Thaïlande. Nos jeunes ne pourront pas tous travailler à Mayotte, il faut donc se tourner vers l’extérieur. De même, d’autres structures en métropole proposent des stages en pénuries de candidats qui peuvent intéresser Mayotte », explique le chargé de communication de la Cité des Métiers.
23 participants par atelier
Ce jour, un atelier sur la lutte contre l’illettrisme était prévu. Mais alors que quatre jeunes sur dix sont en grande difficulté sur l’île, personne n’est venu, le formateur non plus d’ailleurs. La Cité des métiers ayant communiqué par Facebook sur ce sujet, des difficultés de compréhension étaient prévisibles… Un couac révélateur de la jeunesse de la structure et qui nous a incités à faire un récapitulatif des actions passées.
Bacar Achiraf sort des tableaux inscrits au dossier destiné à la labellisation de la structure : si, sur cinq mois, ils furent 1 888 personnes en 2013 à pousser les portes de la Cité des Métiers, ce sont 6 478 personnes qui ont été accueillies en 2014, « soit 26 par jour », et 65%de femmes. 43 ateliers se sont tenus, avec une moyenne de 23 participants.
Avec un pic en mars de présence massive de lycéens qui ont recours au matériel informatique pour les inscriptions post-Bac.
Un bilan qui laisse transparaitre deux insatisfactions pour le président, la première lié eau public même « il faudrait que les gens arrivent avec des interrogations sur leurs propres parcours », mais aussi sur le contexte, « le manque de transport en commun prive les habitants les plus éloignés de nos offres ».
Actuellement, une formation agricole est en cours au conseil général, relaie la page Facebook de la Cité des Métiers de Mayotte qu’il faut avoir le réflexe de consulter.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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