Les services de l’Etat diffusent une campagne de sensibilisation pour lutter contre la radicalisation religieuse violente et le djihadisme. Ils se préparent à d’éventuels signalements de comportements inquiétants par les familles.
C’est une campagne nationale mais sa diffusion à Mayotte, seul département français majoritairement musulman, revêt une dimension particulière parce qu’il est question de dérives liées à l’islam. Le Ministère de l’Intérieur et le Comité interministériel de la Prévention de la Délinquance (CIPD) ont conçu une campagne pour prévenir la radicalisation et, en particulier, les départs au Djihad en Syrie.
Il s’agit de sensibiliser les proches de ceux et celles qui ont subi un endoctrinement les menant vers une radicalisation extrême. «Il faut être clair avec la notion de radicalisation, explique-t-on à la préfecture où on suit le dossier. Choisir une approche plus ‘rigoriste’ de l’islam que celle qui existe traditionnellement à Mayotte n’est pas punie par la loi. Chacun choisit la façon de vivre et pratiquer sa religion comme il l’entend. En revanche, envisager une radicalisation violente avec d’éventuels passages à l’acte de type terroriste ou des départs vers des zones de conflits sont sévèrement encadrés et punis.»
A l’écoute des familles
Cette action de communication vise donc à détecter très en amont les signaux de rupture sociale progressive de certaines personnes : changements de comportements vestimentaires, alimentaires ou vis-à-vis de la famille, propos asociaux, repli sur soi… (voir la Brochure Prévention Radicalisation violente)
Les membres de la famille ou les amis sont encouragés à signaler leurs doutes sur une éventuelle dérive d’un proche à une plateforme téléphonique. Il s’agit d’un numéro gratuit, le 0.800.005.885 mais on peut également se connecter sur le site www.stop-djihadisme.gouv.fr. Le centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation est à l’écoute des familles et rassemble alors les informations fournies.
«Déradicaliser» les endoctrinés
Ces données sont ensuite traitées au plus proche des lieux du signalement. A Mayotte, le dossier d’un éventuel signalement serait suivi à la préfecture. Actuellement, Mayotte met d’ailleurs en place l’ensemble de la chaîne de ce dispositif.
L’objectif est de compléter les informations pour savoir si la personne signalée est effectivement en phase de radicalisation violente. Si cette évolution se confirme, la personne est obligatoirement prise en charge pour tenter de la dégager de cette emprise, comparable à celle que peut opérer une secte. La préfecture travaille à mettre en place des équipes pour mener à bien ce travail. Elles rassembleraient des cadis et des psychologues.
Une vigilance raisonnable
Si en métropole, notre époque appelle à une forte vigilance dans ce domaine comme l’ont démontré les tragiques événements de janvier, à Mayotte aussi nous devons nous sentir concernés. La campagne de sensibilisation et la documentation qui l’accompagne ont été envoyées à tous les établissements recevant du public, privé comme public. Tous les services de l’État en ont également été destinataires. Au total, 400 affiches et 1.200 dépliants ont été distribués, sans compter les diffusions électroniques.
A ce jour, les services de l’Etat n’ont pas encore relevé de signalements inquiétants. Sans tomber dans la psychose, ceux qui maîtrisent le dossier du djihadisme indiquent tout de même que Mayotte pourrait être une cible pour ceux qui tenteraient de radicaliser des individus.
RR
Le Journal de Mayotte
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