Les salariés de l’enseigne alimentaire Somaco sont massivement descendus dans la rue ce mardi. Ils manifestaient contre des propos tenus par un des cadres qu’ils jugent diffamants.
Une pub pareille, n’importe quelle enseigne en rêverait ! «La Somaco a toujours soutenu les Mahorais», «Non aux mensonges, oui à la Somaco»… Une propagande digne des meilleures heures soviétiques ! Si cadres et caissières brandissaient ces slogans dans la rue ce mardi matin, c’est en réaction aux propos tenus sur un quotidien local d’un de ses salariés.
Responsable adjoint du magasin de Labattoir II de Somaco depuis 2010, David Weber avait attaqué sa direction dans les colonnes dans la presse, parlant de harcèlement moral, d’heures supplémentaires non payées et de dépassement des dates de péremption des produits.
Aziz Sam Akbarali, le président de la société, avait réagi par un publi-communiqué dans les médias, en démontant une à une ces accusations. Il invoquait notamment les passages réguliers de la Dieccte (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l’emploi) et le peu de contentieux avec ses collaborateurs en dépit du nombre important de salariés, 140, «pour la plupart syndiqués».
Les propos du salarié sont jugés diffamants par Abdoul Ibrahim, le directeur financier de la société qui manifestait. Nous n’avons pu joindre la direction pour savoir si elle envisage une action en justice.
Les salariés, une centaine selon la police, sont donc descendus dans la rue en solidarité comme l’indiquaient les pancartes brandies sous le soleil entre le magasin de Kawéni et la mairie de Mamoudzou. Toutes les enseignes avaient fermé avec l’accord de la direction. Un accord incitatif même, selon certains salariés qui accusaient le mouvement d’être acheté.
Ce que contestent bien évidemment les autres : « nous sommes là de notre propre volonté, pour dénoncer un responsable qui ne fait plus rien ». Et qui argumentent. Nous tombons par hasard sur Saïd : «Je travaillais avec David. Lorsque je lui disais qu’un produit était périmé, il me rétorquait ‘vous les Comoriens, retournez à l’école pour apprendre ce que sont les DLUO*’. Mais lorsque cette dernière date était passée, j’insistais en vain pour qu’on les enlève ».
Pour cet homme qui travaille dans les rayons, le comportement de son chef est lié à une augmentation de salaire qu’il n’aurait pas obtenue.
David Weber est toujours salarié de l’entreprise selon un communiqué de la direction, «David, pourquoi tu ne démissionnes pas ?!» invite une pancarte.
Un conflit interne à l’entreprise qui a débordé dans la rue, ce dont se seraient bien passé les automobilistes coincés du rond-point SFR à celui du Commandant Passot…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*Le dépassement de la Date limite d’utilisation optimale (DLUO) ne rend pas l’aliment dangereux, il s’agit juste d’une indication sous la mention « A consommer de préférence avant… », a contrario de la Date limite de Consommation (DLC) qui présente un danger pour la santé et qui mentionne « A consommer jusqu’au… » (Source alimentation.gouv.fr)
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