29.9 C
Dzaoudzi
samedi 20 avril 2024
AccueilFaits diversAffaire Nassuir: la détresse d’une famille, les doutes sur le flashball

Affaire Nassuir: la détresse d’une famille, les doutes sur le flashball

Après un début d’audience consacrée à l’audition du gendarme mis en cause, le jeune Nassuir est venu à la barre raconter son histoire. L’expert en balistique dévoile les dangers du flashball.

Maître Larifou,avec son jeune client
Maître Larifou, avec son jeune client

On lui a proposé de parler en langue mahoraise mais c’est finalement en français que le jeune Nassuir va s’exprimer. C’est lui qui débute les auditions de l’après-midi dans le procès du tir de flashball dont il a été victime. Au fur et à mesure des questions du président Schmitt, on reconstitue le fil de sa journée du 7 octobre 2011 : une matinée passée à la campagne avec son père, puis un départ pour la plage de Longoni avec ses amis. Ils sont quatre à se baigner lorsqu’un véhicule de gendarmerie arrive. «Je me suis mis à courir parce que j’avais peur», explique Nassuir.
«Est-ce que tu essayais d’attraper une pierre ?» demande le président. «Non», répond le petit.
C’est pourtant ce que croit et affirme le gendarme. C’est cette pierre qui a justifié le tir de flashball.

Pour Nassuir, la liste des conséquences de ce 7 octobre est longue. On la retrouve dans les avis des experts psychiatres : difficulté d’alimentation et perte de poids, repli sur soi, troubles du sommeil, interdiction d’exposer son visage au soleil, refus de retourner à l’école où les enfants se moquent de lui. Alors qu’il était en CM1 en 2011, Nassuir est aujourd’hui en 6e. «Mon grand frère a des photos de moi, j’aime les regarder. Avant, j’étais beau. Maintenant, mes amis m’appellent hibou.»

Une balle de 44 millimètres utilisée pour un tir de flashball
Une balle de 44 millimètres utilisée pour un tir de flashball

Aucun suivi psychologique

L’expertise note que l’enfant ne bénéficie d’aucun suivi psychologique et que plus généralement, la famille est livrée à elle-même. Le père se souvient des promesses de prise en charge totale qui n’ont pas été respectées. Il ne comprend pas pourquoi le CHM ne vient pas s’occuper de son fils pour des soins quotidiens.

Les blessures infligées par le tir de flashball ont été détaillées, en visioconférence, par le médecin qui a pris en charge l’enfant à Saint-Pierre (La Réunion) : plaie hémorragique à l’œil droit, fracture du globe oculaire, plaies aux paupières qui laissent entrer l’air extérieur dans le crâne. Six mois après les faits, l’œil a été enlevé avec la mise en place d’un implant avant celui d’une prothèse définitive.

Maître Larifou avec les proches de la petite victime
Maître Larifou avec les proches de la petite victime

Les conclusions de l’expertise sont claires : «il est urgent de s’occuper de cet enfant et de sa famille sous peine de maintenir durablement cet état» de stress très sévère.

Utiliser ou non le flashball

D’une visioconférence à l’autre, le tribunal part à Tulle (Corrèze) pour écouter le major qui dirigeait l’équipe de gendarmerie. Avec lui, on précise les règles d’utilisation du flashball. On apprend qu’il est recommandé de ne pas tirer sur une femme enceinte, une personne handicapée ou un enfant. «Donc ce tir n’aurait pas dû avoir lieu ?» demande le président Schmitt.
Réponse du gendarme : «En métropole ce tir n’aurait pas eu lieu mais il faut prendre en compte les particularités de Mayotte.»
Me Liétard, l’avocat de la défense, fera préciser qu’il n’existe qu’une interdiction : tirer à moins de 7 mètres.

A quelle distance le tir a-t-il été effectué ? Selon les déclarations des uns et des autres, entre 9,4 mètres et 11 mètres. Mais l’expert en balistique explique qu’à cette distance, le «phénomène de dispersion» est de 40 centimètres. Autrement dit, lorsqu’on vise un point, la balle peut impacter un autre endroit 40 centimètres plus loin. Quand on vise la poitrine, on peut toucher le visage.
Problème : il s’agit d’une balle ronde de 44 millimètres de diamètre projetée à 100 mètres/seconde… de quoi s’interroger sur l’autorisation donnée aux forces de l’ordre pour utiliser un tel équipement.

Ce vendredi, le procès continue devant la cour d’assises avec la fin des auditions, le réquisitoire et les plaidoiries. Le verdict est attendu en fin d’après-midi.
RR
Le Journal de Mayotte

2 Commentaires

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139114
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139114
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139114
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139114
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139114
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139114
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...