Depuis quelques jours, les grands panneaux de publicité de Mayotte diffusent une campagne inédite contre le braconnage des tortues. Ce sont tout autant les braconniers qui sont visés que les acheteurs de viande de cette espèce protégée.
«Tueurs et mangeurs de tortues, vous détruisez Mayotte». Impossible en ce moment de rater le slogan écrit en Français et en Mahorais, en blanc et rouge sur fond noir. A Mamoudzou comme dans la brousse, la campagne contre le braconnage des tortues s’affiche sur les panneaux de pubs à l’entrée de nombreux villages. L’objectif : faire parler, faire réagir et compléter les actions de terrain pour faire évoluer les mentalités.
Depuis le dernier trimestre 2014, la lutte contre le braconnage des tortues connaît une nouvelle impulsion, combinant les efforts de la préfecture, de Parc naturel marin et des différents organismes impliqués. «Des opérations de dissuasion sont conduites par le Parc et le Conseil général une semaine par mois, soit cinq nuits de présence dissuasive sur les plages de ponte», indiquaient, il y a quelques semaines, le Parc naturel marin, la Brigade nature, et le Réseau échouage de mammifères et de tortues marines (REMMAT), dans un communiqué conjoint.
Ponctuellement, des tournées de surveillance sont aussi organisées. Et cette année, les missions se font plus précises. En plus de ces actions sur les plages de ponte, des actions de surveillance nocturne sont instaurées avec les douanes et la Brigade nature. Cette fois, il s’agit d’interpeller les auteurs de braconnage en flagrant délit.
262 braconnages recensés
Le JDM avait assisté au début du mois de mars dernier, à l’audience en comparution immédiate d’un braconnier multirécidiviste, surpris avec des sacs remplis d’une tortue fraichement dépecée. Il a été condamné à 12 mois de prison dont 9 ferme, une amende de 300 euros, et 3 ans de mise à l’épreuve pendant lesquels le juge d’application des peines suivra attentivement ses comportements.
Avec une surveillance accrue, ces cas de flagrant délit pourraient se multiplier car le braconnage de tortues marines est loin d’être exceptionnel à Mayotte. Sur l’année 2014, le REMMAT en a recensé 262, répartis sur l’ensemble du département. On en trouve aussi bien dans le sud (Kani-Kéli et Bandrélé) avec 137 cas de braconnage recensés, dans le nord (Mtsamboro et Acoua) avec 56 cas que sur Petite Terre avec 28 cas.
Tous concernés
Dans ce travail de comptage macabre, le REMMAT organise ponctuellement le ramassage des carapaces dans les zones les plus concernées. Le 24 février dernier, à Charifou dans la commune de Kani-Kéli, 78 carapaces entières ont été collectées ainsi que d’autres ossements de tortues marines.
Même si nous ne sommes pas directement concernés, sachez que nous avons tous un rôle à jouer. Chacun de nous est invité par le REMMAT à contacter une permanence téléphonique pour signaler des animaux morts ou blessés sur les côtes (0639.69.41.41). Cela concerne les tortues mais aussi les mammifères marins qui bénéficient, eux aussi, de la campagne actuelle de sensibilisation.
Mangeurs : risques judiciaires et sanitaires
Parler des braconniers, c’est important. Mais ils ne feraient rien s’ils n’avaient pas de clients. Les mangeurs de viande de tortues encourent, eux aussi, de lourdes peines, jusqu’à d’un an de prison et 15.000€ d’amende.
Mais en plus du risque judiciaire, en dégustant cette espèce protégée, ils mettent leur santé en danger. Il y a quelques semaines encore, plusieurs personnes sont décédées à Madagascar et de nombreuses autres intoxiquées suite à la consommation de viande de tortue.
RR
Le Journal de Mayotte
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