27.9 C
Dzaoudzi
mercredi 15 mai 2024
AccueilEconomieLa filière agricole débute par le lycée de Coconi

La filière agricole débute par le lycée de Coconi

Profiter du grand marché paysan mensuel pour tenter de faire évoluer la filière agricole en interpellant Etat et conseil départemental, c’était l’objectif samedi du proviseur du lycée agricole. Ces deux partenaires ont en effet chacun des atouts dans leurs manches.

La conseillère Moinécha Soulaimana et Papa Ahmed Combo
La conseillère Moinécha Soulaimana et Papa Ahmed Combo

Le rendez-vous à ne pas manquer le premier samedi de chaque mois, c’est le marché paysan et artisanal de Coconi. C’était donc l’occasion rêvée pour inviter un public déjà sur place à des Journées portes ouvertes se sont dit les dirigeants du lycée agricole qui accueille ledit marché.

Une exposition réalisée par les Archives départementales sur la construction politique de notre territoire, « Mayotte française : un long chemin vers le droit commun (1841-2014) », des visites guidées à l’élevage de Valarano : poulaillers autonomes en eau et énergie, la traite des vaches, les lapins et canards, cocoteraie expérimentale, atelier agro-alimentaire où est confectionnée la grande majorité des jus et confitures de l’île, et son abattoir de volailles…

Ce ne sont pas seulement les mzungus (métropolitains), principale clientèle des commerçants qui étaient ciblés, mais les institutionnels, représentants de la préfecture, Seymour Morsy et Guy Fitzer étaient présents, de l’Éducation nationale, les proviseurs et principaux des lycées et collèges et les élus.

Prouver le côté sexy de l’agriculture

L'heure de la dégustation de produits locaux pour Seymour Morsy (photo lycée agricole)
L’heure de la dégustation de produits locaux pour Seymour Morsy (photo lycée agricole)

La prise de conscience doit en effet être générale : sur l’étendue des filières tout d’abord, CAP et bacs professionnels en productions agricoles, services à la personne et aux territoires, transformation agro-alimentaire et aménagement et travaux paysagers, « les établissements du second degré doivent en faire la promotion auprès de leurs élèves », explique Papa Ahmed Combo, proviseur adjoint du lycée agricole.

Car l’agriculture n’arrive pas à séduire les jeunes, « nous avons un effectif quasiment constant de 300 élèves chaque année », indique-t-il, et alors même que les autres établissements sont en surcapacité.

A la sortie, environ un tiers des élèves trouve un emploi, un autre tiers poursuit en BTS à l’extérieur, pour s’installer ensuite, quant aux autres, sans papiers, ils ne peuvent ni travailler, ni poursuivre des études.

La fraîchement élue conseillère départementale de Ouangani, Moinécha Soulaimana, a incité les jeunes à s’orienter vers l’agriculture, « pas par dépit, mais par envie. Ils doivent pouvoir en vivre ».

Pas de spécialisation pour garantir les revenus

Siaka Daouirou et Cecile Morelli
Siaka Daouirou et Cecile Morelli entre contexte difficile et recherches de solutions

Mais les difficultés sont nombreuses à Mayotte et commencent par le foncier peu disponible, et se poursuivent avec le désenclavement insuffisant des exploitations (pistes, électricité, eau) : « tout se fait trop lentement. J’ai la chance d’être à proximité d’une piste, mais toujours sans eau et électricité. Pendant ce temps, les récoltes se suivent, et nous ne rentabilisons pas l’activité », nous explique Siaka Daouirou, président de la COOPANAM, une Coopérative des producteurs d’ananas, et également à la tête d’un cheptel de 12 bovins et d’une exploitation de diverses plantes vivrières.

Il est à ce titre représentatif du type d’exploitant agricole mahorais : « une polyculture qui est une force de l’île puisqu’elle sécurise les revenus », rapporte Cécile Morelli, chargée de mission coopération régionale et communication au lycée agricole de Coconi.

L’électrification rurale étant une prérogative du conseil départemental (ex général), également propriétaire de la plupart des parcelles, le département sera associé à la démarche initiée par le lycée agricole : « nous allons nous focaliser sur les jeunes agriculteurs et les aider à obtenir les outils et un environnement favorables pour débuter leur exploitation ».

Élever le débat

Daniel Laborde, DAAF, et Guy Sommer proviseur lycée agricole
Daniel Laborde, DAAF, et Guy Sommer proviseur du lycée agricole

Mais il faut également lever les barrières d’une transposition encore une fois trop rigoriste du droit français : notre île est classée dans sa totalité en zone littorale, y compris les communes du centre de l’île, compliquant l’attribution des permis de construire pour les habitations principales des agriculteurs à proximité des exploitations…

Pour poser ces problèmes, et faire intervenir les bons acteurs, une exploitation-témoin sera mise à disposition pour cerner l’alpha et l’oméga du parcours de l’exploitant, « de sa sortie d’études à la gestion, chaque jeune passera par cette exploitation test, une sorte de mise en condition », explique Cécile Morelli. Un projet encore, mais qui pourrait être porté par le Lycée. La BGE (Boutique de gestion) pourrait être associée pour ses compétences.

Cette professionnalisation devrait être accompagnée à moyen terme par un diplôme valorisé au lycée : un BTS doit y être proposé, « pas avant 3 ans » nous explique le proviseur Guy Sommer. Il faudra pour cela intégrer le coût de la rémunération des enseignants de BTS, « le lycée devant évoluer d’une année sur l’autre à moyens constants », nous glisse un intervenant…

C’est d’ailleurs une des revendications du syndicat des Jeunes agriculteurs de Mayotte qui appelle à une voie d’excellence pour tirer l’agriculture mahoraise vers le haut, et défendre leurs acteurs à Paris.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139511
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139511
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139511
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139511
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139511
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139511
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...