C’est un dialogue de sourds. Des emplois menacés par une société qui n’a rien à faire dans son secteur d’activité pour la SMART. Une suite logique de son activité sur le port pour MCG. Le rond-point de Longoni est toujours bloqué, alors que le département vient de prendre à bras le corps le problème.
Ce n’est pas un petit blocage qui s’est mis en place la nuit dernière au rond-point de Longoni. Les salariés et les actionnaires de la SMART, société de manutention des containers du port, reprochent à la nouvelle gestionnaire du port, Ida Nel avec Mayotte Channel Gateway, d’empiéter sur ses platebandes. Jugeant que les 198 emplois sont menacés, ils ont décidé d’agir.
Lorsqu’Ida Nel a remporté la DSP (délégation de service public) émise par le conseil général, il lui était confié la gestion et l’exploitation du port. Mais depuis, son activité s’est déplacée sur la manutention, avec la commande de plusieurs grues et équipements portuaires.
Touleib Ahmed, secrétaire général de la commission hygiène et sécurité à la SMART (Société Mahoraise d’Acconage, de Représentation et de Transit), et représentant du personnel docker au Conseil portuaire, se rappelle d’une émission sur une radio locale le 14 décembre 2012 : « Ida Nel y avait affirmé qu’elle ne s’en prendrait pas à la SMART ‘car c’est une société historique’. Or, depuis, elle a changé son code APE pour faire de la manutention ».
Nous avons donc contacté Ida Nel pour avoir quelques explications. Son changement de code APE n’est pas de son fait, nous assure-t-elle, « il m’a été imposé, nous sommes donc manutentionnaires ». Quant à son annonce de ne pas toucher à la SMART, elle confirme : « c’est le cas. Mais je veux juste casser un monopole vieux de plus de trente ans avec des tarifs trop chers. »
Des grues pour début juin
La SMART est en effet une vieille société familiale, appartenant à l’origine à la famille Henry, managée par Arlette et son frère Jean-Claude, majoritaires, et des membres de la famille. « Lorsque nous avons failli déposer le bilan en 2007, Ida Nel a proposé de régler nos dettes et d’entrer dans la société à hauteur de 90%, ce que nous avons refusé. Je note qu’elle n’était pas si hostile au monopole pour avoir voulu en faire partie. C’est Jacques Virin et la Coopérative ouvrière de la Réunion qui, avec la RSM, ont renfloué la société, et qui en possèdent 40%. Nous avons recommencé depuis à être bénéficiaires ».
Sur le plan du marché même, Ida Nel affirme qu’il y a de la place pour tout le monde : « je ne fais que reprendre le travail effectué par la CCI en manutention, et en l’élargissant ». Une lettre lui aurait cependant été adressée par Daniel Zaïdani pour rappeler MCG à l’ordre sur la manutention et le code APE. « Pas du tout, il a juste mentionné que la manutention n’est pas mentionnée dans la DSP », quand Arlette Henry assure que l’ancien président du département a averti que ladite manutention est exclue du champ de la DSP ». Nous n’avons pas pu lire ce courrier.
En tout cas, les grues sont commandées, « elles embarquent là, et devraient arriver début juin », indique Ida Nel, « et j’ai même choisi la SMART comme agent ! ».
La SMART elle, ne mollit pas le ton. Le rond-point reste bloqué, seuls les véhicules de secours et le personnel de santé peuvent circuler.
La réunion qui s’est tenue dans l’après-midi entre la préfecture et le département s’est conclue sur la nécessaire prise en charge du problème par ce dernier, seul à même de porter un jugement sur les principes d’exécution de la DSP.
Le seul navire annoncé est un pétrolier qui pourra décharger aux Badamiers, mais du côté de Somagaz on prévient d’une rupture possible de stock si les points de vente ne peuvent pas être réapprovisionnés.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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