Des mesures difficiles doivent être prises par le conseil départemental s’il veut sortir de la spirale négative qu’a pris en 2014 sa gestion. Elles ont été évoquées lors de la séance plénière sur le budget, avec une prise en compte de l’avis du CESEM. Une première à Mayotte.
Le Conseil départemental a fourni ce mercredi quelques pistes de redressement des finances de la collectivité au cours du vote du budget primitif, qui donne les orientations de la collectivité pour l’année à venir.
Deux mauvais points pour cette première vraie séance de décisions : son retard de trois quarts d’heure et le bruit assourdissant d’une climatisation qui n’en a que le nom.
En revanche, la qualité des débats a été grandement améliorée par la prise en compte des avis du Conseil, économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM), de la prise de parole, sur invitation du président Soibahadine Ramadani, d’Abdou Dahalani, son président, et par la connaissance des dossiers économiques et sociaux par les conseillers départementaux qui en ont la charge. Le président du CESEM y voit « le signe d’une nouvelle ère de gouvernance ».
Cette séance économique de vote du compte administratif 2014 et du budget prévisionnel 2015 était d’une grande importance. Elle tirait le bilan de la gestion de l’équipe précédente, et évaluait les mesures correctives à apporter. Le compte administratif était très détaillé, et faisait apparaître un déficit budgétaire de 13 millions d’euros pour 2014, comme le faisait remarquer la conclusion de l’assemblée du CESEM hier.
Daniel Zaïdani se justifie
Diminution mécanique des ressources financières, progression de la masse salariale, mais aussi, extension des compétences du département sans réelles compensations, sont les caractéristiques du budget 2014, qui devient rigide, c’est-à-dire sans véritables possibilités d’actions : « nous dépendons fortement des crédits de l’Etat en 2014 alors que 80% des dépenses de fonctionnement sont incompressibles », estime Vita Ouirdani, Directeur adjoint des finances, dans sa présentation.
Le report de l’excédent de la section de Fonctionnement de 15 millions d’euros sera affecté à cette section, « nous n’avons pas la possibilité de l’affecter en investissement par manque de marge de manoeuvre », expliquait Ben Issa Ousseni, vice-président en charge des finances.
Mis en cause sur cette gestion de 2014, Daniel Zaïdani tout en félicitant les services pour la clarté de la présentation, se défendait en rappelant le manque de moyens du département. Il éclairait son propos par l’exemple du cyclone Hellen : « le conseil général a consacré 10 millions d’euros aux communes pour réparation, quand l’Etat n’en a accordé que 4». Sur la fonte comme neige au soleil de l’excédent de 30 millions d’euros issus en 2012 de recettes fiscales, l’ancien président revendiquait qu’un « trésor de guerre doit être dépensé ».
Moins aux associations et plus de l’Etat…
Des mesures « drastiques » avaient été demandées par le CESEM. La commission finance rappelle les enjeux : « assurer la contribution aux Contrats de projets et Fonds européens, devenir l’acteur majeur du développement économique du territoire en relançant l’investissement, assumer pleinement son rôle social ».
Avec « moins de 20% du budget consacré aux investissements et 80% de dépenses incompressibles », comme le rappelait Ben Issa Ousseni, les leviers sont minces.
Les pistes envisagées sont de « réviser l’accompagnement des communes et des associations », aussitôt dénoncé par Daniel Zaïdani, et de chercher des ressources sur les charges nouvelles qui doivent être compensées par l’Etat. Mais aussi, « des décisions franches, et des orientations claires doivent être données par le département en matière d’effectifs, en particulier sur la politique d’intégration”, soulignait Samir Abdou Salam, de la direction des finances, repris par Jean-Pierre Salinières : « Pour rester dans le cadre, il y aura des mesures difficiles à prendre ».
La clef de l’avenir du département est bien là, dans le courage et surtout dans un arbitrage équilibré entre le coût social du chômage et une masse salariale qui étouffe les finances et reste le fossoyeur de la politique sociale.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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