Le terrain de football de Tsingoni accueille pendant trois jours le premier stage d’entraînement pour les jeunes U18. La session est encadrée par «Christian» El Dine Madi, engagé à son niveau pour l’avenir de Mayotte, aujourd’hui plus que jamais.
«Le foot est dans mon sang depuis tout petit. Mon idole, c’était Christian Karembeu. J’aimais la façon dont il jouait, sa façon d’être avec les gens… J’aimais sa coiffure aussi !» A tel point que Christian, est devenu son surnom. Quasiment plus personne ne le connaît sous son vrai nom, El Dine Madi.
Christian est à l’origine du premier stage de football pour les jeunes de 16 à 18 ans, organisé sur 3 jours à Tsingoni. Appuyé par la ligue et le conseiller technique régional (CTR) Guillaume Brouste, il a concocté un programme dense : entrainement avec endurance et renforcement musculaire, approche des formations d’éducateur et d’arbitre et même une découverte du fitness. Avec cette bonne vingtaine de jeunes, il est aussi prévu d’assister à la projection sur écran géant à la demi-finale de la ligue des Champions qui opposera Barcelone au Bayern, à la MJC de Tsingoni ce mercredi soir.
L’intérêt de la démarche va bien au-delà du football. La volonté est aussi de rapprocher des jeunes que les derniers événements de la commune ont opposé. On y trouve en effet des ados de Tsingoni et de Combani. «Ce que j’attends d’eux, c’est qu’ils soient vraiment ensemble, qu’ils aiment s’entraîner, jouer, partager des choses ensemble. Avec le sport, ils peuvent découvrir ce plaisir parce que, dans le foot comme dans la vie, l’avenir ne peut se construire que si on est tous ensemble.»
Un palmarès impressionnant au service des jeunes
Christian a décidé de revenir à Tsingoni avec un vrai projet social et sportif monté avec le FCO. S’il est natif de Tsingoni, il était parti en 2004 à Mtsangamouji où il revendique un palmarès prestigieux avec les U18 : une coupe de Mayotte, deux supercoupes, deux premières places de championnat. C’est ensuite Mtsamboro qui a bénéficié de son savoir-faire. Là encore, un titre de en Coupe de France régionale et un championnat. «On a aussi représenté Mayotte au 7e tour de la Coupe de France… Tout ça, c’est une grande fierté», dit-il simplement.
A Tsingoni, son idée est de former une génération de jeunes joueurs qui pourront rester dans la commune et former un noyau dur de talents locaux. «L’objectif, c’est aussi d’impliquer les habitants de la commune et particulièrement les parents.» Et ça marche ! Pour cette session de trois jours, les parents amènent les enfants ou préparent le thé pour le petit-déjeuner.
S’engager pour l’avenir
Pour lui, pas de doute, les parents ont un rôle essentiel à jouer dans la réussite de leurs enfants parce qu’à Mayotte, comme ailleurs, «il faut pousser les jeunes, être toujours derrière eux.» La réussite des jeunes de notre département, c’est ce qui le motive, dans son investissement sportif comme dans son parcours professionnel.
«J’ai décidé de devenir professeur des écoles, parce que je voulais être dans l’enseignement, dans l’éducation. J’ai senti que Mayotte a besoin de gens pour prendre en charge les jeunes. C’est eux qui vont construire ce que sera Mayotte dans 20 ans. Et ça me plaît de faire partie de ceux qui contribue à faire le Mayotte d’après, le Mayotte dont on a envie.»
Christian a déjà rencontré son homonyme néo-calédonien, Karembeu. «Je l’ai croisé deux fois, ici à Mayotte et aussi en 2011, quand on a joué le 7e tour de la Coupe de France. Pour cette compétition, le Kanaks étaient vraiment avec nous et à ce moment-là, Karembeu m’a fait une promesse : celle de venir à mon mariage !» L’heureux événement est prévu pour l’an prochain. Les deux Christian, qui se battent chacun pour leur terre natale, seront peut-être alors une nouvelle fois réunis… avec autour d’eux, sans nul doute, des jeunes de tous les villages de Tsingoni.
RR
Le Journal de Mayotte
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