La chambre civile de la cour d’appel de La Réunion va statuer sur la demande de radiation Me Jacques Tchibozo. Une procédure où l’on découvre de nouveaux éléments de la vie de l’avocat du barreau de Mayotte, actuellement sous contrôle judiciaire à La Réunion.
C’est une plaidoirie qui fera date. Devant la chambre civile de la cour d’appel de La Réunion,
Me Jacques Tchibozo s’est défendu lui-même, dans une plaidoirie qui a duré plus de… trois heures ! De quoi épuiser la cour sans avoir la certitude d’être persuasif.
Un peu plus tôt ce lundi, le parquet général a demandé la radiation de l’avocat du barreau de Mamoudzou. Cette procédure n’est pas liée à l’instruction pour des faits présumés de viols et agressions sexuelles dans laquelle l’avocat est mis en examen. Il est, à ce stade de la procédure, présumé innocent.
Cette demande de radiation vise une série de manquements disciplinaires. En décembre 2013, le bâtonnier de Mayotte avait saisi le conseil régional disciplinaire des avocats de la Réunion et de Mayotte qui n’a pas répondu dans un délai de huit mois. D’où une décision implicite de rejet. La chambre civile de la cour d’appel a été saisie.
D’anciennes condamnations dissimulées
Dans ses réquisitions, l’avocat général Bruno Badré a constaté que Me Tchibozo « avait manifesté par l’ensemble et la répétition des manquements répétés à son encontre son incapacité à assumer les responsabilités et les engagements prévus par son serment d’avocat».
Le bâtonnier de Mayotte, Me Nadjim Ahamada a, lui, rappelé les manquements disciplinaires reprochés. Lors de son inscription au barreau de Mayotte, Me Tchibozo a ainsi dissimulé de précédentes condamnations pénales pour outrage à l’encontre d’un policier et pour avoir remis un téléphone portable à un détenu.
Avant qu’il n’arrive à Mayotte, en 2010, Jacques Tchibozo avait dû faire face à un refus d’inscription du barreau de Guadeloupe, une décision qui avait même été confirmée par la Cour de cassation, à qui ces informations n’avaient pas échappé.
De nombreux propos «discourtois»
Il lui est également reproché de ne pas avoir restitué des honoraires à un client bénéficiant de l’aide juridictionnelle et d’avoir caché d’autres ennuis disciplinaires à la suite d’une altercation avec un magistrat.
Autres griefs mis en avant, des «propos discourtois et outrageants » tenus à l’encontre d’un substitut du parquet de Saint-Denis, d’un juge d’instruction, de l’ancien procureur de Mayotte et d’autres avocats de Mamoudzou. «Vous commencez à me fatiguer», aurait-il lancé à un magistrat dans une affaire où il défendait un prévenu pour viol. Le juge venait de lui faire remarquer qu’il pouvait mettre un terme à ses questions à la victime après en avoir posé une bonne centaine.
Décision le 1er juin
Pour Nadjim Ahamada, «ce sont des propos qui dépassent le cadre de la liberté d’expression de l’avocat. Il a manqué au principe de loyauté qui est un des fondements de notre profession», indique le bâtonnier au JDM.
Me Tchibozo s’estime victime, en tant qu’avocat de nationalité béninoise, d’une jalousie de ses confrères français. Il connaîtra le sort que lui réserve la chambre civile le 1er juin prochain. C’est à cette date, statuant en formation solennelle, qu’elle rendra sa décision.
Rémi Rozié, Le JDM
avec Jérôme Talpin, Le JIR
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