Carence et obésité. Mayotte est confrontée à des problématiques contradictoires auxquelles va s’attaquer le Programme alimentation activités nutrition santé, signé hier jeudi*. Ce PRAANS va permettre de développer des actions.
Améliorer la nutrition des Mahorais. Voilà l’ambition du PRAANS, officiellement lancé hier par les partenaires de l’agence régionale de santé (ARS) réunis autour de Chantal de Singly, la directrice régionale.
C’est un programme qui contient des principes et des mesures concrètes pour promouvoir des modes de vie plus sains, une alimentation et une activité physique favorables à la santé. «Il s’agit de soutenir l’existant qui marche, de susciter des projets innovants et de tenter de changer les mauvaises habitudes», résume Chantal de Singly.
Le programme regroupe 100 mesures réparties sur quatre axes : le premier veut agir sur l’offre alimentaire. On pense évidemment à la question des cantines scolaires. «Tous les établissements qui sortent de terre ont désormais une cantine et un restaurant scolaire», relève Denis Lacouture, le secrétaire général. «Il faut maintenant remonter le temps pour mettre le matériel et les espaces dans les autres établissements». Une étude a été mandatée dans ce sens.
Cuisine centrale pour les écoles de Sada
Un projet pilote de cuisine centrale communale est également lancé à Sada dans le cadre d’un partenariat public-privé avec un groupe réunionnais qui en a fait son cœur de métier. «Quand c’est possible ailleurs, c’est possible à Mayotte», aime à rappeler Achya Bamana, la maire de Sada, présente pour la signature.
«Au niveau des communes, nous sommes aussi préoccupés par les questions liées à l’agriculture, par exemple avec l’organisation de marchés. C’est le cas à Dzaoudzi-Labattoir par exemple. A Sada, nous allons créer une maison de l’économie sociale et solidaire, pour permettre aux producteurs d’écouler leurs produits sur place», explique Anchya Bamana.
Sport et comportements alimentaires
Le 2e axe du PRAANS, vise les comportements alimentaires dès le plus jeune âge, sur le modèle des classes du goût de l’IREPS, 4 séances éducatives auprès des CM1 et CM2. «Nous amenons beaucoup de produits avec des dégustations, nous avons un grand succès», se félicite Pascale Melot, directrice adjointe de l’IREPS qui regrette de ne pouvoir toucher qu’une dizaine d’écoles par an, même si cela représente déjà 1.000 élèves.
Le 3e point est piloté par la direction jeunesse, sport et cohésion sociale (DJSCS) : favoriser l’activité physique à tous les âges de la vie. Ce sont des actions comme sport-diabète, les fitness géants, toutes les opérations autour du handisport ou encore, évidemment, la marche des bouénis, comme celle de demain, en marge du Mahoraid.
Des actions nouvelles
Enfin, dernier axe, améliorer le dépistage des pathologies liées à la nutrition et leur prise en charge. Le réseau rediab Ylang a par exemple travaillé à accompagner les traducteurs qui sont amenés à intervenir dans le domaine de la santé, «pour qu’ils sachent comment traduire», précisent Rastami.
Ce plan vise donc à mobiliser les énergies sur la question de l’alimentation et de l’activité physique.
Deux ans après La Réunion, ce PRAANS pose comme priorité pour la suite de l’année 2015 la mise en place de nouvelles actions.
Une urgence, deux ans après la Réunion
Il faut dire que l’urgence de santé publique est là, avec d’un côté carences alimentaires et de l’autre de l’obésité. «Mayotte est à la croisée des chemins, un pied dans l’ancien monde, un pied dans le nouveau, avec des habitudes qui changent très vite», relève le docteur Sylvain Lerasle, médecin à l’ARS.
Avec 54% des hommes et 81% des femmes qui ont une corpulence plus élevée que la moyenne et une obésité qui concerne 47% des femmes et 19% des hommes… il y a urgence à réagir. «Quand on fait des campagnes contre l’obésité, on n’a que des femmes. Même les hommes qui ont un ventre qui ne leur permet plus de regarder le sol, ne sentent pas concernés», note Ramlati Ali, qui représentait le CHM… Voici un point sur lequel tout semble à faire.
RR
Le Journal de Mayotte
*Sont impliqués : l’ARS, le vice-rectorat, la Direction jeunesse, sports et cohésion sociale (DJSCS), la DAAF (alimentation et forêt), la CSSM, le conseil départemental, l’association des maires de Mayotte, le CHM.
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