L’aérogare de Pamandzi fête sa première année d’exploitation. Après un rodage rapide, on pense déjà au développement du trafic aérien.
C’est un village où tout le monde se connaît. Ici, on s’appelle par son prénom et à la boulangerie, Françoise connaît tout, des habitudes des uns et des autres. Dans la nouvelle aérogare de Pamandzi, entrée en service il y a tout juste un an, tout le monde vit au rythme des avions. «Une boulangerie dans un aéroport, ça reste un commerce et ce sont les clients qui imposent les cadences», relève Annabelle.
Ce mardi matin, le retard de plus de 2 heures annoncé sur un vol au départ permet aux passagers de bénéficier d’un petit-déjeuner gratuit. Il faut s’activer. «On a gagné la confiance des compagnies et des passagers par la qualité de nos produits», affirme Françoise, avec son léger accent belge. Il est bien loin le temps des inquiétudes… Le lendemain de l’ouverture, une alerte incendie avait entraîné l’évacuation de l’aérogare. Le JDM l’avait injustement attribué à un «panini fumant»… Il n’en était rien.
Tous les commerces ont eu leur période de rodage et leurs péripéties. Pour Boutik’air, la disparition de toute presse nationale pendant plusieurs mois a été un problème surmonté par le développement de l’offre de souvenirs achetés à la dernière minute. Quant à Mado, le duty free en zone d’embarquement, les premiers mois ont été difficiles. Son ouverture coïncidait avec un changement de réglementation douanière qui a eu des conséquences sur l’approvisionnement, une difficulté aujourd’hui surmontée.
80% du trafic en 4 heures
Salons haute contribution, musique d’ambiance, internet gratuit… «Quand je regarde la presse spécialisée, on est très peu à être dans ce cas», relève Daniel Lefebvre, le directeur de la SEAM, la société d’exploitation de l’aéroport de Mayotte. «Dernièrement, on a trouvé une solution pour l’accessibilité à la salle de prière, ce qui était une demande forte. On a mis du temps car on espérait qu’une association puisse la gérer.» Finalement, elle est ouverte de 11h à 16h tous les jours, sur le côté du bâtiment.
«La population semble avoir très bien accueilli la conception architecturale mais aussi la nouvelle gestion des flux», estime Daniel Lefebvre.
La problématique de l’aéroport de Mayotte est de gérer 80% du trafic aérien entre 11h et 15h. Il est donc question de PIF et de PAF. Les PIF, ce sont les Postes d’inspection frontaliers, l’endroit où se situent, généralement, les problèmes dans un aéroport. A Mayotte, ils sont deux et permettent une relative fluidité de l’entrée des passagers en zone d’embarquement.
Le rendu bagage à améliorer
Quant à la PAF (police de l’air et aux frontières), elle s’est adaptée aux nouveaux équipements. «La collaboration avec les services de l’Etat est excellente. Ils mettent des fonctionnaires en place pour répondre aux périodes de pics que nous leur indiquons», précise Daniel Lefebvre. L’interminable file d’attente à l’extérieur n’est plus qu’un lointain souvenir.
«Il reste encore des améliorations à apporter aux arrivées, dans les rendus de bagages et en particulier les ‘hautes priorités’. Mais attendre dans un espace assez vaste et climatisé, ça change tout de même la vie».
Il faut dire que, où que l’on soit, on a de la place dans cette aérogare pensée pour accueillir 600.000 passagers dans 10 ans. Les voyageurs ont en effet été 344.000 à y prendre l’avion depuis son ouverture, de quoi envisager un développement du trafic.
Une ligne Mayotte-Réunion qui pourrait doubler
«Sur une année coulante, on constate une augmentation du trafic de 5,4%, malgré la décision d’XL Airways de ne plus voler sur Mayotte au mois de mars 2014», constate Daniel Lefebvre. Mais cette progression n’est pas suffisante pour envisager cet objectif des 600.000 passagers dans 10 ans. «Le marché n’est pas encore mature sur Mayotte mais la marge de progression est importante.» Et cette marge pourrait se trouver du côté des Îles Vanille, si d’aventure, une véritable dynamique s’enclenchait dans l’aérien avec nos voisins.
Pour les compagnies étrangères, ce n’est pas toujours facile de travailler avec la France. La politique en matière d’aérien consiste en effet souvent à protéger les champions nationaux et à Mayotte, il s’agit d’Air Austral… une compagnie dont les intérêts pourraient encore se rapprocher de ceux du département. «On peut facilement imaginer un doublement de la liaison Mayotte-Réunion en terme de passagers avec une autre politique tarifaire», indique Daniel Lefebvre.
De nouvelles compagnies
De façon générale, l’arrivée de nouveaux acteurs pourraient dynamiser la plateforme. Deux compagnies africaines «aux normes de gestions européennes» pourraient être intéressées à moyen terme pour desservir Mayotte.
«Nous devons aussi suivre attentivement ce qui se passe du côté de Dar-es-Salam avec la création d’une compagnie low cost avec le fondateur d’Easy Jet. Ils ont des A319 tout neufs et ils ont l’intention de proposer des offres tarifaires comparables aux low cost européennes. Pour l’instant, ils sont focalisés sur le continent africain mais il faudra être prêts quand ils regarderont vers l’océan Indien».
Bref, après une belle année de mise en route, l’avenir semble prometteur pour le nouvel équipement.
RR
Le Journal de Mayotte
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