Alors que le candidat Mahorais Hakime Ali Said a réitéré sa demande de participer à une primaire, conformément à la Constitution comorienne, l’Union africaine se positionne contre la candidature de l’ex-président Sambi.
Les élections présidentielles en Union des Comores se tiendront en 2016. Un événement qui concerne Mayotte à plus d’un titre. D’abord parce que l’archipel est bien géologiquement formé des quatre îles, Grande Comore (Ngazidja), Moheli (Mwali), Anjouan (Ndzuani) et Mayotte (Maore). Ensuite parce qu’y vivent prés de la moitié de ses ressortissants, et que l’autre moitié a peu ou prou des liens familiaux avec ces îles.
Encore parce qu’un travail entre les quatre îles est indispensable pour solutionner leurs problèmes respectifs, et qu’une stabilité politique est indispensable.
Enfin, parce que la Constitution des Comores destine la prochaine présidence à Mayotte qu’elle considère toujours comme comorienne tout comme l’ONU d’ailleurs. En effet, le système de Présidence tournante permet à chaque île d’élire un président « pour un mandat 5 ans renouvelable dans le respect de la tournante ». Une primaire est donc organisée dans l’île concernée.
Mayotte dans et hors Constitution comorienne
Une tournante qui s’est déjà tenue à Grande Comore, à Anjouan et Moheli. Et qui devrait donc l’être à Mayotte. C’est pourquoi, il y a deux ans, Hakime Ali Saïd, notre confrère de Mayotte 1ère télé avait décidé de postuler à la présidence de l’Union des Comores et a appelé à la tenue d’une élection à Mayotte.
Un projet qu’il n’a pas abandonné depuis l’île de La Réunion où il vit, et où nous l’avons joint par téléphone : « les autorités comoriennes ont indiqué que Mayotte ne pourrait organiser la primaire, parce qu’elle est sous occupation française. » On voit mal en effet une délégation des îles voisines débarquer à Mayotte, confetti de la République française, pour y organiser des élections qui répondent à la Constitution comorienne.
Un blocage institutionnel qui signifie un point de non retour pour le candidat mahorais ? Pas du tout ! « Puisque la tournante se tient à Grande Comore, je m’y inscris », nous déclare-t-il. Mais il y a de fortes chances qu’elle soit rejetée car venant d’une autre île, comme risque de l’être celle de l’ex-président, l’Anjouanais Ahmed Abdallah Sambi.
Il vient d’autre part ce mercredi 3 juin d’être rappelé à l’ordre par l’Union africaine qui craint que cette candidature « remette en cause la stabilité du pays, durement acquise ».
La menace islamiste agitée
Un autre candidat, Achifari Saïd Hachim, vient d’annoncer depuis le 8e arrondissement de Paris sa volonté de gouverner l’Union des Comores. Faut-il l’interpréter comme un signe de rapprochement des autorités françaises ? Il se qualifie en tout cas de « républicain et démocrate ».
« Déliquescence des institutions et influence islamiste grandissante », c’est ainsi que Achifari Saïd Hachim définit les présidences successives de Sambi et d’Ikililou.
L’homme de 62 ans a fait ses études à Paris, à l’Institut libre d’études des relations internationales (ILERI). Il a déjà exercé dans son pays à la fonction de ministre des Affaires Islamiques en 1994 sous la présidence de Djohar, puis ministre de la Réforme administrative en 1996 sous Mohamed Taki. Il est depuis dans l’opposition avec un parti dont le nom ne s’invente pas, la Convention pour l’Alternance démocratique et l’Interaction mutualiste, CADIM.
Auparavant, le 16 mai dernier, une réunion regroupant 5 partis représentatifs (Juwa de l’ex président Sambi, PEC, RIDJA, ZAM ZAM et CADIM) s’est tenue à Paris pour dénoncer la détérioration de la situation politique de l’Union des Comores et parvenir à proposer une candidature de rassemblement.
Le candidat Saïd Hachim parle de marasme social économique, « terreau propice à une influence étrangère », avec des « portes ouvertes à quelques pays radicaux ».
De son côté, le Mahorais Hakime Ali Saïd organisera une conférence à Mayotte le 6 juillet, date anniversaire de l’indépendance des Comores en 1975, il y aura donc 40 ans.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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