Cela ne va pas être facile de répondre à un tel appel d’offre : deux mois pour présenter un dossier ficelé et pour trois ans d’activité… La majorité des petits transporteurs devrait donc répondre avec Matis, la société actuellement détentrice du marché.
La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe chez Matis : alors que la société réunionnaise avait remporté le marché du transport scolaire deux ans auparavant, le tribunal administratif avait choisi ce 26 février 2014 de casser cette attribution. « Pas assez allotie », avait tranché le juge.
Pour éviter que seules les grosses entreprises soient retenues aux appels d’offre pour leur capacité financière, les marché doivent en effet être divisés pour permettre au plus grand nombre de répondre. C’est ainsi que la Coopérative des taxis verts de Mayotte et la société Kamardine avaient déposé plainte en faisant remarquer que l’allotissement en deux zones, Petite et Grande Terre était disproportionnée, ce dernier représentant 97% des besoins.
Un défi difficile à relever
Le Conseil départemental qui délègue dans ce domaine, a donc relancé rapidement un appel d’offre, le marché étant cassé à la fin des vacances scolaires, ce qui implique une mobilisation générale pour être opérationnel à la rentrée le 25 août.
Un délai très court donc pour ces petites entreprises, voire des artisans à Mayotte. Ils sont quatre prétendants : le STIM, la CSTT976, le STVTM et le SYDETRAMA. Les trois derniers auraient décidé de répondre avec Matis, mais la direction de STIM (Syndicat des transporteurs indépendants de Mayotte), envisage de se démarquer.
Selon nos informations, il aurait choisi de répondre avec la société Kamardine, qui avait pourtant été exclue du marché actuel, comme cela avait souligné par à l’audience du tribunal administratif par l’avocat du conseil général, et la Coopérative des taxis verts de Madi Baco serait hors course car non-transporteur.
Les reins solides
D’autre part, ils ont deux mois pour répondre à l’appel d’offre et, devront de plus prouver qu’ils ont la trésorerie suffisante pour se lancer sur ce marché. Il faut en effet avoir les reins solides en cas de délais de paiement trop importants du conseil départemental.
Autre difficulté, ils sont condamnés à s’entendre, ce qui n’est pas un sport facile à Mayotte, on l’a vu lors des nombreuses tentatives d’organisation de centrale d’achat.
De plus, le marché n’est lancé que pour trois ans. L’offre initiale étant programmée sur cinq ans, et Petite Terre n’étant pas touchée par la remise en cause de l’allotissement, il ne reste que trois années, un temps très court pour commencer à amortir le matériel.
Enfin, il leur faudra toute la rigueur d’un grand pour exiger un service exemplaire. Matis avait mis en place des mesures de contrôle, prévues dans le cahier des charges, pour vérifier l’état général des véhicules, et la régularité des permis en cours.
On sait que le ramassage scolaire est un service sensible à Mayotte, toute faille incitant les élèves à manifester bruyamment, au besoin à coup de barrages. Les petits transporteurs devront donc avoir un dossier exemplaire, avec une réponse dans deux mois du département.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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