28.9 C
Dzaoudzi
jeudi 25 avril 2024
AccueilorangeSécuriser les habitants et les rendre co-acteurs de la lutte contre l'insécurité

Sécuriser les habitants et les rendre co-acteurs de la lutte contre l’insécurité

«Nous vivons dans un pays de soleil, mais barricadés dans nos maisons. L’insécurité a fini par conditionner nos modes de vie», remarque Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire de Mamoudzou. C’est pour chercher une solution collective que l’avocat Elad Chakrina vient d’initier le Conseil de quartier pour la sécurité de Mayotte sur l’ensemble de l’île.

Elad Chakrina, aux côtés de Michel Taillefer, veut avant tout sécuriser les riverains
Elad Chakrina, aux côtés de Michel Taillefer, veut avant tout sécuriser les riverains

La société civile se saisit de plus en plus du problème de l’insécurité. Pour Elad Chakrina, la prise de conscience de l’urgence d’une réaction date de ce 15 mai 2015, lors de l’attaque violente du Cabinet Mahorais de conseil. Elle a incité l’avocat du barreau de Mayotte à impulser la création d’un Conseil de quartier pour la sécurité de Mayotte. Le COSEM a la particularité d’être une association collégiale qui n’a ni président, ni trésorier, ni secrétaire : « une gouvernance collégiale au sein d’un conseil d’administration », explique-t-il.

C’est un nourrisson encore puisque le COSEM est agréé depuis ce 29 mai 2015. Plusieurs personnalités entourent Elad Chakrina face aux journalistes : Michel Taillefer, « pour son conseil et son accompagnement en matière de sécurité », Hamada Salim qui connaît bien ce phénomène de bandes, El Mamouni Mohamed Nassur, porte-parole du Grand Cadi qui avait réglé le différent entre les jeunes de Kawéni et Majicavo, et Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire, « présent à titre personnel », au sens que personne ne souhaite politiser cette association.

Lister les raisons de la délinquance

Beaucoup de jeunes sont livrés à eux-mêmes
Beaucoup de jeunes sont livrés à eux-mêmes (ici sur un barrage)

L’objectif est de sécuriser les habitants avant qu’ils n’en viennent à se faire justice eux-mêmes, et de prendre en charge ces mineurs isolés, « 6.000 à Mayotte, avec plus ou moins de structure familiale, mais livrés à eux-mêmes. » L’originalité de la démarche est cette unité dans les actions menées, un cercle qui doit bien finir par devenir vertueux.

Les problématiques sont énoncées en rafale par Hamada Salim : « Savoir d’abord combien il y a de délinquants, pourquoi ils agissent, les raisons de la pérennité de cette délinquance, les signes avant-coureurs, les armes utilisées. Ensuite, envisager la riposte : elle doit venir des parents ? De la police et la gendarmerie ? Des politiques ? Puis évaluer les conséquences : le manque de prof, de médecin, Mayotte sera-t-elle bientôt habitée que par des « profiteurs de guerre » ?
Et enfin, les solutions : repenser le modèle social, redynamiser l’économie mahoraise, rompre avec l’assistanat, infléchir l’immigration clandestine, proposer une surveillance durable et renforcer l’arsenal juridique. »

Sur ce dernier point El Mamouni intervenait : « il faut parvenir à endiguer la récidive. Nous menons un travail aussi avec le président du TGI et le procureur. »

Des habitants vigilants

Hamada Salim, El Mamouni Mohamed Nassur et Bacar Ali Boto
Hamada Salim, El Mamouni Mohamed Nassur et Bacar Ali Boto

Un travail de Titan pour lequel les forces vives de l’association sont insuffisantes pour l’instant : « nous allons recruter un directeur qui devra trouver des « encadreurs » pour les 10 zones de Mamoudzou pour commencer, de Tsoundzou à Kawéni. Ils seront chacun accompagné d’un professionnel de sécurité privée, sur le concept des voisins vigilants », explique Elad Chakrina.

Un système qui fonctionne déjà à Bouéni, « les habitants patrouillent de 22 heures à 4 heures du matin à tour de rôle, avec un rôle dissuasif et préventif qui ne se discute même plus », nous explique Saïd Anli, président de l’Union de la Confédération Syndicale des familles mahoraises de Bouéni.

De son côté la mairie assure sa partie annonce Bacar Ali Boto : un couvre-feu tout d’abord pour les moins de 15 ans est demandé par le COSEM, « nous avons rédigé un arrêté mais des précisions sont à voir avec la Police municipale, dont les effectifs seront renforcés » et l’éclairage public « qui sera mis en place de Jumbo score à Tsoundzou ». Les marchands ambulants ont été chassés rappelle-t-il, évoquant les cases en tôles aux abords du marché, et non les vendeurs aux brouettes avec CD, sous-vêtements ou oignons, toujours sur place.

Récupérer les invendus

En matière de social et de prise en charge de ces enfants, avant une possible réinsertion, plusieurs pistes sont envisagées, mais avant tout, un travail avec les associations comme le Village d’Eva, Tama ou les structures comme l’Agepac, déjà contactée, et le BSMA. « Nous avons envisagé de récupérer les invendus des la grande distribution ainsi que les vêtements. »

Ce qui suppose de réduire les entrées sur le territoire, « sans quoi nous vidons une piscine olympique à la cuillère », glisse Bacar Ali Boto. Une coopération judiciaire avec les îles voisines est avancée pour que les jeunes délinquants purgent leur peine dans leur île d’origine. Elle avait déjà été tentée l’année dernière par un déplacement de la présidente du Tribunal de Grande Instance de Mamoudzou et du procureur à Grande Comore, sans grand résultat. Une coopération avec Anjouan, île originaire de la plupart des migrants, serait sans doute plus judicieuse.

Des Jardins de l’insertion, terrains agricoles où ces jeunes seraient occupés aux travaux des champs, ou bâtiments de l’insertion, sur le même thème avec pourquoi pas l’édification de leur propre MJC qu’ils devront entretenir par la suite, autant de bonnes suggestions qui vont nécessiter de nombreux acteurs à la motivation sans faille, « toute la population peut s’inscrire au COSEM », lancent d’ailleurs les acteurs !

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139511
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139511
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139511
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139511
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139511
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139511
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...