Eco-emballages avait convié la presse à découvrir le bout de la chaîne du tri sélectif qui continue de se déployer à Mayotte. Une organisation bien rodée pour valoriser nos déchets alors que nous trions de plus en plus.
La machine ressemble à une immense soucoupe volante posée dans un vaste hangar tout neuf. Avec ses aimants géants, elle permet de séparer l’acier de l’aluminium. C’est par elle que passent tous les déchets métalliques que nous trions depuis le mois d’octobre 2013 à Mayotte. Cet engin, comme l’ensemble de la logistique du tri, a été dévoilé ce matin à Longoni, par les équipes d’Eco-emballages et de la Star. Elles avaient convié la presse pour montrer, au bout de la chaîne, ce que deviennent nos plastiques, nos verres et donc nos canettes et boites de conserve.
Depuis 21 mois, ce sont 356 tonnes de déchets que nous avons jetées dans les bornes Tri-O. «Les Mahorais ont bien compris le geste du tri. Il y a très peu de Tri-O refusés pour cause de mauvais aiguillage», se félicite Philippe Moccand, le directeur de la collecte sélective chez Eco-emballages France.
Les bons gestes
Et cela s’est confirmé ce matin : un camion benne est entré dans le site, avec ses deux compartiments remplis du contenu de Tri-O plastiques et métaux. Lorsque les portes du camion se sont ouvertes, c’est effectivement une montagne de bouteilles d’eau minérale et de bidons de lessive qui tombe au sol. «Au moins 90% de plastique bien triés», se réjouit Omar Issiahaka, le responsable du centre de tri, qui fait partie des 5 emplois créés par le tri.
Une fois que les déchets arrivent dans ce centre logistique, comme les métaux, les plastiques aussi sont à nouveau triés en deux groupes : d’un côté les PET (Polytéréphtalate d’éthylène), les plastiques transparents, de l’autre les PEHD (Polyéthylene haute densité), les bidons colorés et opaques.
Plastiques et métaux sont ensuite compressés pour faire des balles. 300 canettes font par exemple une sorte de grande brique plate.
Nous trions de plus en plus
396 bornes Tri-O sont actuellement installées dans le département et le déploiement se poursuit. Les lieux de grande consommation sont peu à peu équipés comme les plages. Pas plus tard qu’hier, Tahiti Plage a reçu ses premières bornes. «On a installé 100 nouvelles bornes en 2014 et à terme, le dispositif pourrait en compter 500», explique Philippe Moccand.
Ces bornes, sont vidées deux fois par mois et jusqu’à deux fois par semaines pour celles qui sont les plus utilisées, aux Hauts-Vallons ou en Petite-Terre par exemple. Mais «les Tri-O les plus performants sont dans le nord de Grande Terre», relève Philippe Moccand.
Actuellement, Eco-emballages estime à 5kg par an et par habitant les déchets recyclés à Mayotte et le dispositif continue de monter en puissance. Sur les cinq premiers mois de l’année, ce sont 40% de déchets recyclables en plus qui ont été collectés, comparé à la même période de 2014.
Direction l’Asie et l’Afrique du Sud
Nos déchets ainsi compressés remplissent finalement des containers. Plastiques et métaux partent vers l’Asie, la Chine, l’Inde ou l’Indonésie particulièrement demandeuse en ce moment. Le verre voyage vers Durban en Afrique du Sud. Douze containers remplis de verre devraient d’ailleurs partir prochainement.
L’ensemble de ce processus est actuellement intégralement financé par Eco-emballages et donc par les 35.000 entreprises adhérentes à cet éco-organisme. Son coût : 1 million d’euros par an.
Aucune société mahoraise n’a encore adhéré et, contrairement à la métropole, les communes ne participent pas non plus. Mais pour des raisons d’équité évidentes, les choses devraient changer. «Eco-emballages n’est pas un organisme opérationnel à part en Guyane et à Mayotte», relève Philippe Moccand. Dans les années à venir, une fois le système en place, les collectivités locales devraient donc peu à peu participer au financement du dispositif et en prendre lfa charge. L’aventure ne fait donc que commencer.
RR
Le Journal de Mayotte
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