Issa Abdou, 4e vice-président du conseil départemental chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé était à Tsingoni ce vendredi. La municipalité compte sur lui pour obtenir les financements nécessaires pour développer sa politique envers les plus fragiles.
«Le social, c’est procurer de la dignité aux hommes et aux femmes». Ce sont les mots de Mohamed Bacar, le maire de Tsingoni, pour accueillir le vice-président du conseil départemental (CD) Issa Abdou. La municipalité souhaitait présenter ses projets en direction des plus vulnérables et en particulier les aînés. A Tsingoni, le CCAS (centre communal d’action sociale) n’a que 7 mois mais il a déjà ficelé des projets concrets. Et pour cela, la commune a besoin de «l’aide indispensable» du CD, comme l’a humblement reconnu Mohamed Bacar.
Le plan présenté par le CCAS de Tsingoni est d’abord accès sur les anciens. «Leurs conditions de vie ont profondément marqué les équipes qui faisaient le tour de la commune pour établir le constat», explique Madi Soula, le directeur du CCAS.
Pour les aînés, trois volets principaux : d’abord des visites à domicile. La commune fait sa demande d’agrément de prestataire pour mettre en place un service d’aides aux personnes âgées chez elles. Les cocos et bacocos seraient ainsi soulagés des tâches ménagères, de la préparation et la prise des repas comme des médicaments, de l’habillage voire aidés pour certains petits déplacements. Ces interventions seraient assurées 7 jours sur 7 et un premier auxiliaire de vie sociale (AVS) a déjà été recruté.
Tout est prêt pour un accueil de jour
Le 2e volet consiste à mettre en place un accueil de jour pour les personnes âgées. Les aînés pourraient y venir une à plusieurs fois par semaine : renouer avec une vie sociale et participer à diverses activités qui maintiennent toutes leurs facultés, ce type d’accueil est précieux pour préserver leur autonomie.
On sait aussi que cela permet aux proches des personnes âgées de bénéficier de plage de repos. Ces «aidants» dont les missions sont essentielles et parfois lourdes pourront également bénéficier de conseils et de soutiens.
Pour mettre en place cet accueil, le CCAS de Tsingoni veut constituer une petite équipe avec un noyau dur de 4 animateurs-éducateurs auxquels viendraient s’ajouter des missions de psychologue, kiné… Quant au calendrier, il ne dépend que des financements. Car tout est prêt jusqu’au planning des activités et aux horaires de service des minibus chargés de chercher les aînés chez eux.
De l’électricité pour les aînés
Enfin dernier volet, la lutte contre l’habitat indigne. Un plan d’action prioritaire a été établi en matière de logement car «les personnes âgées vivent véritablement dans des conditions indignes», dénoncent les auteurs du document.
Le constat est simple : parmi les anciens, 75% vivent sans WC dans le logement. Et parmi les foyers interrogés, ils sont 125 à ne même pas avoir de compteur électrique… ce qui signifie que le nombre réel d’administrés âgés, sans électricité et sans eau courante est bien plus important. «Ce sont des gens qui ne se plaignent pas, que l’on entend jamais mais dont il faut vraiment s’occuper», note Madi Soula.
Des loisirs pour les jeunes
Une première vague de travaux permettrait de réaliser l’isolation d’une douzaine de pièces de vie, l’aménagement de sanitaires dans 105 logements, une soixantaine de changements de revêtement de sol, et enfin faciliter l’accessibilité (rampe ou garde-corps) à 20 foyers.
A ce programme pour les anciens, se rajoute des projets pour les jeunes avec le développement d’accueil de loisirs et la mise en place d’un projet «Jeunes ambassadeurs». Au total, le CCAS a chiffré à 355.000 ses besoins de financement pour réaliser son programme. Et parmi les multiples financements, ceux du conseil départemental pourraient représenter plus de 40% (154.000€)… d’où l’importance de la visite d’Issa Abdou.
Deux PMI sur la commune
De façon plus large, le maire replaçait les enjeux d’une politique sociale pour sa commune, un constat que toutes les municipalités de Mayotte pourraient établir : «les besoins sont énormes. Nombre de nos administrés sont exclus de la vie sociale. Il convient de leur redonne espoir», note-t-il. Et le maire d’évoquer la question des logements sociaux, «avec des poches d’insalubrité qu’il convient d’éradiquer».
«Concernant la petite enfance et les familles, la société a évolué, il est donc plus que nécessaire de nous adapter», relève le maire qui parle de crèches mais aussi des PMI. A Combani et Tsingoni, deux PMI devraient être créées, le conseil municipal doit se prononcer rapidement pour valider la mise à disposition du foncier.
Ici encore, on s’appuie sur les nouveaux contrats de ville avec la volonté de mettre en place une politique qui repose sur des projets concrets. Peu à peu, le temps où la création d’emploi public faisait office de politique sociale semble enfin toucher à sa fin.
RR
Le Journal de Mayotte
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