Alors que le comité de kayak tente de développer la discipline dans le département, 150 kayaks financés par de l’argent public pour les associations semblent accaparés par certains établissements scolaires voire privatisés. Une question à 95.000 euros.
Certains s’amusent à appeler cette situation la «mafia des kayaks». Le terme est probablement bien excessif mais il montre bien l’état d’exaspération des membres du comité de kayak de Mayotte. Mais où sont donc passés les 150 kayaks financés il y a 5 ans pour les associations et clubs sportifs ?
La question est loin d’être anecdotique car il est question de l’utilisation de l’argent public et en l’occurrence d’une somme a priori rondelette qui avoisinerait les 95.000 euros.
Ces kayaks ont été, à l’époque, répartis sur le territoire mahorais mais aujourd’hui, personne ne semble en mesure de savoir où ils sont et qui les utilisent avec précision. Le comité de kayak de Mayotte aimerait bien avoir la réponse car il a lancé un vaste plan pour développer la discipline. Six clubs ont été créés, répartis dans le département. Les encadrants sont là, les jeunes sont demandeurs mais comble de l’ironie, le matériel fait défaut.
Des kayaks sous clés
A Bandrélé par exemple, sur Musical Plage, le jeune club dispose en tout et pour tout de 6 kayaks financés par le comité lors de la création de la structure. Pas de quoi développer une pratique massive. A proximité, pourtant, existe un parc nettement plus important de 30 embarcations. C’est une partie des fameuses 150 embarcations subventionnées pour les enfants. Problème : il a été accaparé par le collège de la commune. Si les scolaires en profitent durant la semaine, impossible pour les associations d’en disposer les week-ends et les vacances, malgré la volonté de la mairie.
Pendant les vacances scolaires, les kayaks restent désespérément sous clés. Mais il n’en est pas de même le week-end où ils sont couramment utilisés et d’une drôle de façon. Des amicales d’enseignants s’en servent pour agrémenter leurs samedis et leurs dimanches, une utilisation parfaitement illégale en dehors du temps scolaire… Tout ceci, sous les yeux des enfants qui devraient en bénéficier.
Demande d’enquête
Et la situation de Musical est loin d’être unique: dans toutes les autres bases nautiques de l’île, à Hagnoundrou ou Passamainty par exemple, les clubs sont confrontés au même problème, au grand dam du comité de kayak.
Une demande d’enquête a été déposée en janvier auprès du procureur de la République pour faire la lumière sur ces 150 bateaux mais aussi du matériel complémentaire et au moins une remorque. Au comité, certains se demandent même si ces kayaks financés avec de l’argent public n’auraient pas été exploités commercialement en certains points du territoire.
Le vice-rectorat a été alerté sur ces pratiques pour le moins surprenantes mais depuis janvier rien ne semble avoir évolué. En cette période de rentrée, le comité aimerait que la question trouve une issue pour que les kayaks publics restent réellement à disposition… du public.
RR
Le Journal de Mayotte
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