C’est un préfet qui a recentralisé les manettes « en attendant que les maires s’approprient leur rôle ». Seymour Morsy soufflé sa première bougie avec les journalistes. L’immigration et l’insécurité ont été naturellement abordées.
Il était arrivé plutôt tendu il y a un an, cueilli à froid par des parents manifestant… contre les rythmes scolaires comme ces derniers jours. Seymour Morsy a décidé de réunir la presse mahoraise pour un point d’étape de sa première année de présence sur le territoire. En prenant en compte la longévité moyenne d’un préfet à Mayotte d’un an et demi, il est donc intéressant de lire avec lui sa feuille de route : « écrire le document cadre 2025, le contrat de projet Etat région, qui est le plus important de France avec 889 euros par habitant, et mobiliser et structurer les fonds européens. »
Un document cadre pour lequel il a toujours demandé à la population et aux élus de s’impliquer, « du coup, les élus en charge des groupes de travail deviennent autant responsable que moi de son aboutissement et de l’échéance que nous nous donnons. »
Et les temps ont changé puisque le préfet soulignait l’implication du conseil départemental dans la signature du Contrat de projet (CPER), et dans l’orientation à donner au département, « une bonne conjonction d’astres », qualifiait-il les rapports Etat-département.
Pas de cinéma chez les ministres
Seymour Morsy y tient : toute les promesses faites, du président de la République au premier ministre en passant par le ministre de l’Intérieur ou la ministre de la Justice ont été tenues : « l’hôpital de Petite Terre, les constructions scolaires, le nouveau Centre de rétention qui ouvrira bientôt en tournant à blanc pendant un mois, la rénovation de la maison d’arrêt, l’installation du greffe du tribunal de commerce… Personne n’est venu pour faire du cinéma. » Il rend surtout hommage à l’aide « énorme » de la ministre de l’Outre-mer George Pau-Langevin et de son cabinet, « dont mon prédécesseur ».
Mais Mayotte 2025 n’a de visible que le terme pour le commun des mortels, fut-il journaliste : « nous devons rendre lisibles les avancées », traduit le préfet. Des réunions des animateurs de groupe de travail sont prévues « pour rendre compte ».
Celle qu’il appelle sa dream team est en traduction littérale « une équipe formidable » dont il détaille les actions : c’est « l’implication » qu’il retiendra pour qualifier le secrétaire général adjoint en charge de la cohésion sociale Guy Fitzer a pu conclure la signature de tous les contrats de villes excepté Sada, celles des contrats locaux de CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) et les emplois aidés. Le secrétaire général aux affaires régionales, le « sérieux et rigoureux » Alain Faudon a mis en place le guichet unique dédié au tourisme, ce qui devrait faciliter les démarches, et a travaillé sur le CPER et les fond européens.
Recentralisateur
Bruno André, le secrétaire général, « mon double », a mis en place les intercommunalités, a signé les chartes de bonne gestion financière avec les maires et a travaillé sur le thème de l’Islam et la République.
Florence Ghilbert-Bezard vient d’arriver au poste de directrice de cabinet gère « l’urgence et la sécurité, qui reste pour moi un sujet énorme ». Si Seymour Morsy ne dément pas l’objection d’une journaliste qui remarquait la faiblesse des moyens au regard des besoins, il dit se satisfaire des 44 policiers aux frontières et du peloton de 19 gendarmes mobiles avancés par le ministre Manuel Valls. « Nous cernons les problèmes avec les chefs d’entreprise, avec l’hôpital, et nous débloquerons les moyens adéquats. Mais ne vous laissez pas aspirer par les faits divers », recommandait-il aux journalistes.
A travers les chartes de bonne gestion financière signées par les maires, la reprise en main de la Chambre de Commerce et d’Industrie, ou la gestion des constructions scolaires, c’est à une décentralisation inversée qu’a procédé le préfet. Qu’il ne souhaite que momentanée. Comme il l’a évoqué, « lorsqu’on passe de l’adolescence à l’âge adulte, on passe de Very bad Trip à quelque chose de plus romantique ! ».
Des classes payées deux fois
Donc, les communes prouveront leur majorité par un budget ficelé qui leur permettra de dégager une marge de manœuvre, « nous faisons un point sur leur finances tous les trois ans. Nous accompagnons les maires pour qu’ils s’approprient leur rôle en matière d’ordre public, de gestion des ressources humaines et des fonds européens ». Même organisation pour les constructions scolaires dont le préfet hérite dans le Plan Jeunesse, pour lesquelles il demande un schéma éducatif pour les cinq ans qui viennent. « Ensuite, quand ce sera bordé, je passerai le relai ».
De ce fait, les constructions d’une quarantaine de salles de classe restées en rade par le SMIAM, syndicat financé par l’Etat qui en avait la compétence, seront financées une nouvelle fois par l’Etat… « Nous déposerons éventuellement des recours au tribunal lorsque le partage du passif et de l’actif auront été bouclés ».
La CCI continue à travailler avec l’équipe en place, sous le regard du préfet, « lorsque tous les comptes et marchés auront été bordés, nous pourrons nous désengager ».
Enfin, l’immigration reste pour le préfet des membres de la famille qui se rendent sur notre territoire depuis les Comores, même s’il reconnaît l’épouvante des naufrages qui peuvent transposer la problématique internationale sur nos îles : « nous travaillons avec Madagascar et les Comores sur la convention qu’ils ont signée dans le cadre des fonds européens ».
Donc un préfet qui se dit plus à l’aise, « nous sommes moins court-termistes grâce aux moyens alloués par le gouvernement ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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