Leur arrivée a été annoncée aux élèves du collège K1 qui attendent les médecins avec leur feuille de questionnaire médical à la main: c’est la pratique scolaire du sport qui est en jeu, voir plus, mais aussi un travail de prévention médicale. Des maladies chroniques ont ainsi été diagnostiquées.
Pour pouvoir pratiquer un sport, que ce soit en club ou en milieu scolaire avec l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS), la présentation du certificat médical est obligatoire. Une démarche que la plupart des familles démunies de Mayotte ne peuvent se permettre. Et pourtant, les talents ne demandent qu’à éclore chez nos jeunes sportifs.
En partenariat avec le vice-rectorat, l’UNSS et la Mutuelle générale de l’Education nationale (MGEN), une équipe de médecins auront ausculté environ 2.000 scolaires de Mayotte. En deux temps : « sur les onze collèges ciblés, une première vague a été vue au sud en juin, et Bandrélé, Dembéni, K1, Doujani, Koungou et le nouvel établissement de Majicavo sont visités cette semaine », explique Thierry Mesas, directeur de la MGEN Mayotte. Qui précise que la commune de Koungou a déjà initié ce travail avec un médecin de l’île.
C’est la première année qu’une telle opération est menée. « Nous permettons d’un côté à des élèves de s’inscrire à une activité sportive dans le cadre scolaire, mais aussi de pallier au manque de médecins scolaires », indique Jacques Courty, principal adjoint du collège K1. « Une situation de désert médical », rappelée par le vice-rectorat qui souligne en outre les bienfait d’une pratique sportive sur la santé.
7% de troubles de la vision
En l’absence de ressources sur place, « impossible de faire venir des généralistes locaux, trop pris », glisse Noureddine Rokia, président de la MGEN, ce sont des médecins Réunionnais qui se sont déplacés, Eric Le Bouvier et Thierry Goupil. Ce dernier, médecin généraliste libéral dont le cabinet est à Saint Paul, a été obligé de prendre un remplacement pour cette semaine mahoraise.
Il voit cent élèves par jour, en ayant pris connaissance auparavant d’un questionnaire dûment rempli par l’infirmière scolaire et le professeur d’Education physique et sportive. Et une action de prévention qui porte ses fruits : « 7% de nos petits patients d’un jour présentent des troubles de la vision », avec une remontée vers l’infirmière scolaire chargée de contacter la famille. La MGEN devrait d’ailleurs lancer d’ici la fin de l’année une opération d’appareillage de ces élèves.
Plus grave, « nous avons détecté 5% de maladies chroniques, pour moitié des cardiopathie, pour l’autre des enfants atteints d’asthme, et quelques cas d’obésité prononcée. » Un enfant dépisté en juin pour un problème cardiaque a d’ailleurs été opéré depuis à La Réunion.
Ce qui renvoie au quotidien des infirmières scolaires, « qui font du dépistage, mais souvent sans suivi faute de médecin scolaire ». Selon la MGEN, deux médecins scolaires seraient attendus à Mayotte. Information non confirmée par le vice-rectorat.
« C’était bizarre, gonflé sur mon bras », Samrat sort de la prise de tension. Elle veut faire du basket, mais surtout de la danse, « pas classique, qui bouge, du fitness ! Mais je suis trop timide… » Ses copines veulent toutes embrayer dans une activité danse une fois le sésame médical obtenu, alors que Samir rêve de foot…
Le médecin lui, rêve de consultations renouvelées dès la 6ème, « ce qui permettrait un suivi sur les 4 ans de collège par l’infirmière scolaire. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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