Après la surprise du couperet expulsant la SMART du port, de nombreux échanges, parfois agités, n’ont pas permis aux dirigeants et employés du manutentionnaire d’accorder leurs violons avec les élus du département qui ne savent plus trop à quels saints se vouer. Sollicitée, la CGT nationale doit intervenir lors d’une discussion le 14 octobre à Paris.
Les dirigeants et salariés de la SMART ont rencontré les élus du conseil départemental ce lundi matin. Ils ont informé de leur intention de déposer un recours contre le jugement d’expulsion prononcé par le tribunal administratif, mais n’ont pu trouver en 5 heures de discussions une solution avec le conseil départemental gestionnaire du port. « Ils nous ont en revanche affirmé qu’ils avaient tout mandat du président du conseil départemental pour prendre une décision », indique Gilles Langlois, directeur de la SMART, « nous nous revoyons demain mardi. »
En face de la quinzaine de manutentionnaires, au lieu des 8 attendus, des élus « pas très à l’aise », selon eux, au cours d’un échange qui fut par moment mouvementé. Le président de la commission portuaire notamment, Bourouhane Allaoui, « la SMART veut rester au port et continuer à exercer seule la manutention », qui se trouve pris en tenaille entre une DSP mal ficelée et un jugement du tribunal administratif qui va à l’encontre de tous les écrits précédents du département, à savoir que le gestionnaire par délégation MCG peut finalement pratiquer la manutention.
Le port au menu du grand mouvement social du 3 novembre
Des hésitations qui font craindre le pire aux salariés de l’entreprise d’aconage et de manutention du port de Longoni, qui ne veulent transiger sur aucun accord. Pourtant, MCG a ouvert une porte dès vendredi, en proposant la signature d’une convention de manutention à la SMART, « mais à des conditions très avantageuse pour sa PDG Ida Nel, qui ne leur confie que le quai aux activités marginales, en gardant le plus commercial numéro 2 », critique Salim Nahouda, secrétaire départemental de la CGT Mayotte.
Qui se demande « pourquoi lorsqu’Ida Nel était président de la Chambre de Commerce et d’Industrie en 2012, Mayotte n’a pas basculé vers le statut de grand port maritime comme dans les autres outre-mer ? » Il reprend enfin l’argument de l’intersyndicale contre la vie chère de 2011 qui fustigeait les monopoles, « ce qui va se passer aujourd’hui pour le poumon économique de Mayotte qu’est le port de Longoni. »
Il a donc décidé d’agir sur le plan national : « pour faire de Mayotte un port d’Etat. J’ai saisi le député Aboubacar et le délégué national de la CGT car des discussions sont précisément en cours à Paris sur les grands ports maritimes. Le 14 octobre au Conseil économique et social, il y aura notamment une déclaration sur Mayotte portée par la CGT. »
Le conflit de Longoni est un argument de plus que Salim Nahouda intègre au grand mouvement social public-privé du 3 novembre, qu’il prépare sur la transposition du code du travail, les sanctions contre les trois salariés de la Colas, la commission consultatives du travail, l’intégration des agents mahorais dans la fonction publique, etc.
SMART et élus du département doivent se rencontrer de nouveau demain mardi.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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