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vendredi 22 novembre 2024
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Communauté: Les élèves du «gourou» investissent les réseaux sociaux et la rue

Médias, réseaux sociaux… Depuis leur maison assiégée par leurs familles en furie, les élèves du «Vénérable», essentiellement d’origine mahoraise, gèrent leur communication. La communauté de Papa Samé a créé sa page Facebook et manifestait hier samedi devant la gendarmerie.

A LIRE AUSSI SUR LE JDM: La manifestation des femmes réclamant le retour du «gourou» interdite par la préfecture

Manifestation des 16 jeunes femmes devant la gendarmerie de Saint Louis ce samedi (Photo: JIR)
Manifestation des 16 jeunes femmes devant la gendarmerie de Saint Louis ce samedi (Photo: JIR)

Elles sont dissimulées sous de longs voiles, cloîtrées chez elles, soupçonnées d’être sous l’emprise d’un gourou d’inspiration soufiste* par leurs familles et la justice… les 16 adeptes de Papa Sané, sont pourtant loin d’être coupées du monde. Depuis leur maison de Saint-Louis à La Réunion, les jeunes femmes essentiellement d’origine mahoraise, ont créé une page Facebook jeudi matin: «On le surnommé Gourou» (orthographe d’origine). 444 mentions «j’aime» ce dimanche matin.

Les messages de leurs premiers posts sont les mêmes sur le net que dans le monde réel. Elles revendiquent leur «choix de spiritualité» et ignorent les commentaires ulcérés de leurs proches. La photo de profil est une image du «Vénérable» menotté, le visage dissimulé sous un tissu rose, au moment de son déferrement au tribunal dont il est ressorti mis en examen pour «abus de confiance sur personnes en état de sujétion psychologique».

Capture d'écran de la page facebook de la communauté
Capture d’écran de la page Facebook de la communauté

D’autres photos tirées de médias montrent des gendarmes protégeant leur maison d’un assaut de leurs familles. Sur celle de couverture, on les voit de dos, voilées, face à la maison où elles ont choisi il y a presque deux mois de vivre en communauté avec leur guide.

Elles se racontent en quelques lignes

Le message visuel est clair. Si elles sont victimes, c’est de l’intolérance du monde extérieur. Premier des neuf statuts postés : «Nous sommes un groupe de 17 femmes qui avons décidées de témoigner afin de faire part de notre vécu.» Elles se racontent et se justifient en quelques lignes. Diplômées, mères responsables et oppressées par leur entourage.

Le présumé Gourou nie toute emprise sectaire sur les membres de sa communauté
Le présumé Gourou nie toute emprise sectaire sur les membres de sa communauté (Phot: JIR)

«J’ai fait un bac +4 et je suis manipulée! Non mais allo quoi?» indique une première. «En ce qui concerne mes enfants, j’ai jugée préférable de les éloigner de la foule déchaîné. Ce n’est qu’une question de sécurité contrairement à ce que les gens pensent», continue une seconde (orthographe d’origine).
«On m’a (prise) de force dans la maison du Gourou alors que je me débattait. 2 personnes m’ont saisis de force et ne m’ont pas laissé le choix. Je me suis retrouvé chez la voisine, et pour selon eux me “desensorcelée” il m’ont versé de l’eau salé “bénite” sur la tête. Ils m’ont laisser partir lorsque je leur ai menacé de porter (plainte) contre eux», ajoute une 3e.

Des cours d’islam sur skype

Comme leur guide qui distillait des cours de mouridisme* via skype, ces anciennes étudiantes de la fac de Saint-Denis, utilisent internet sans complexe. Elles manient très bien aussi le sms pour contacter les journalistes quand elles veulent s’exprimer.

Au final, ces femmes déterminées rentraient de moins en moins dans l’habit de l’adepte soumise, fantasmée par beaucoup depuis le début de «l’affaire du gourou»… Et hier matin, surprise. Les seize femmes sont sorties pour se rendre devant la brigade de gendarmerie.

Les recluses sont sorties

Le "gourou" déféré au tribunal mercredi 14 octobre à La Réunion (Photo JIR)
Le “gourou” déféré au tribunal mercredi 14 octobre à La Réunion (Photo JIR)

Elles se sont installées, pour faire un sit-in, «et on ne bougera pas tant qu’on n’aura pas obtenu ce que nous voulons», soulignent elles. Pancartes à l’appui, elles réclament le retour de Papa Sané et Farida Hassani à Saint-Louis. Car en plus de leur mise en examen, le «gourou» et sa compagne sont l’objet d’un contrôle judiciaire, leur interdisant toute relation avec les victimes présumées et même de se présenter à Saint-Louis.

«Cette décision est injuste. M. Sané n’a rien à se reprocher. Le procureur a fait cela pour calmer les gens de l’extérieur. Nous avons choisi cette voie et c’est notre droit, même si nos familles ne le supportent pas», continuait à affirmer ces femmes.

Au vu des crispations que génère cette affaire à Saint-Louis, cette sortie de la maison n’est pas sans danger. Ces femmes ne cachent d’ailleurs pas avoir essuyé des insultes en pleine rue, hier. Le groupe dit aussi subir «encore des menaces et des dégradations tous les jours». «Il s’agit d’infractions, mais on ne nous écoute pas, concluent ces femmes. Notre objectif est donc de faire en sorte qu’on nous entende».
RR
avec le JIR

*Soufisme : branche de l’islam
*Mouridisme : branche du soufisme, très pratiqué au Sénégal d’où est originaire Papa Samé.

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