Education, foncier et insécurité, trois problématiques qui engloutissent le budget de la commune sans parvenir à déboucher sur des actions efficaces. Le maire de Koungou pointe du doigt un phénomène migratoire croissant et appelle l’Etat à l’aide.
Le Conseil local de Sécurité et de prévention de la Délinquance est cet espace de coordination importé de métropole pour élaborer des outils approprié aux territoires. Il en sort ce que l’on y met. Le maire de Koungou avait convoqué le sien la semaine dernière : « les associations de la commune m’avaient interpellé sur deux thèmes, l’éducation et la délinquance », rapporte Assani Saindou Bamcolo.
En matière d’éducation, la mairie se dit submergée: «On pourra construire autant d’écoles que l’on veut, et aider les associations qui font travailler les gamins, la population concernée sera toujours de plus en plus nombreuse. Le flux migratoire déséquilibre nos budgets.»
D’autre part, les deux sujets ne peuvent être traités séparément selon lui: «J’ai recruté à deux reprises un chef de projet pour la commune, ils se sont tous les deux fait agresser et ne veulent pas rester.»
«Face aux bangas illégaux, on nous envoie nous ridiculiser!»
Il a également été interpellé par ses administrés sur les constructions sauvages, qui occupent illégalement du foncier, et handicapent la régularisation de l’adressage (mise aux normes des adresses) dans les villages. Il conteste avoir un réel pouvoir, même lorsqu’il s’agit de terrains communaux : « nous nous heurtons à l’administration avec environ deux ans de procédure pour les mettre en demeure de partir. Face à l’attente de la population, nous perdons toute crédibilité, on nous envoie nous ridiculiser en fait ! En plus, c’est difficile d’aller voir un gars pour lui dire de détruire son banga.»
Et au niveau des interpellations, c’est toujours le même problème des auteurs immédiatement relâchés dans la nature : « les gendarmes me disent ‘monsieur le maire, à peine attrapé, ils nous attendent dehors pour nous faire un doigt d’honneur’. »
Maire de la commune la plus peuplée d’ « étrangers » (52%, comme Mamoudzou, chiffre INSEE), Assani Saindou Bamcolo n’est jamais passé pour un extrémiste, mais il pousse un cri d’alarme : « il faut trouver un moyen pour arrêter ces arrivées, nous sommes surpeuplés à Koungou, je ne peux plus gérer. On sait qu’ils sont tous devant le Services des Etrangers à la préfecture, l’Etat doit faire son travail ! »
Un ras le bol de beaucoup de Mahorais, qui empiète peu à peu sur la tolérance qui prévalait jusqu’à maintenant, au point de ne plus accepter les plus élémentaires lois républicaines d’accueil des étrangers.
Le premier élu a déploré l’absence du procureur et de représentants de la préfecture, « un chargé de mission était présent », à qui il aurait souhaité transmettre ses préoccupations.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte