Que ce soit en métropole où la force syndicale existe officiellement depuis 1998, ou à Mayotte où elle est née il y a deux ans, Solidaires fait des émules. « Un syndicat en pleine progression ! Original si l’on prend en compte les difficultés du monde syndical aujourd’hui », lance le secrétaire national d’Union syndicale Solidaires, Denis Turbet-Delof, de passage à Mayotte.
Il est vrai que selon une étude de l’IFRI en 2007, le nombre de salariés syndiqués ne représenterait plus aujourd’hui que la moitié de celui des années 80 et un tiers de celui des années 50.
Le secrétaire national d’Union syndicale Solidaires, était à Mayotte pour animer un stage de deux jours, avec sa délégation composée de Nicolas Laadj et Barbara Issaly. Davantage un échange d’ailleurs si l’on en croit le co-secrétaire local Soula Mansour, « nous avions besoin de faire remonter nos inquiétudes. »
Les adhérents ont quand même eu droit à un cours sur le droit syndical, « en passant par l’histoire du mouvement ouvrier et du syndicalisme », précise Denis Turbet-Delof. Des notions qui se perdent souvent au gré des revendications, et qui font pourtant partie du ciment syndical.
“Dérives comportementales de chefs de service”
Des inquiétudes qu’il compte bien faire remonter à Marilyse Lebranchu, ministre de la fonction publique, au sein d’un cahier de doléances : « le non respect des statuts des syndicalistes, les dérives comportementales de certains chefs de service vis à vis de leurs employés, les manquement à l’obligation de formation professionnelle, un régime indemnitaire non conforme à la loi, etc. »
Une ministre déjà au fait des ces problématiques, elle s’en était d’ailleurs entretenue avec lui, « elle est revenue de Mayotte sidérée par l’injustice sociale au quotidien. Nous allons lui remettre la pression. Il n’est pas normal qu’aucun collège n’ait de cantine. »
Les “Je pense que”
Il ne se veut pas un ayatollah du combat contre les inégalités de traitement, et semble comprendre que certaines mettent davantage de temps à se mettre en place, mais fustige surtout les réflexes « un peu coloniaux de certains fonctionnaires du territoire vis à vis de la population », et l’incompréhension de « technocrates à Paris qui ‘pensent que’, sans connaître la réalité du terrain. Le doublement de la population devient par exemple un vrai enjeu de santé publique. »
Il appelle à une action sociale autant qu’économique, « il faut injecter de l’argent et que les institutions répondent aux besoins de la population. IL n’est pas possible de mettre une heure et demie pour faire 20 kms !!
Pyramide inversée
La particularité de Solidaires est d’avoir synthétisé tous les syndicats Sud, représentant ainsi les trois fonctions publiques et le privé. Leur force, « c’est la représentation pyramidale inversée, explique Youssouf Doua, nos adhérents sont tous issus d’autres organisations syndicales dont ils n’approuvaient pas le leadership. Ici, c’est la section syndicale qui décide, et le bureau exécute. »
L’enjeu est aussi d’inciter à l’adhésion les salariés du secteur privé, « avec fin 2016 les élections dans les Très petites entreprises », conclut le secrétaire national qui se félicite de la participation au stage, « nous avons eu beaucoup plus que la trentaine de participants attendus. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.