29.9 C
Dzaoudzi
dimanche 5 mai 2024
AccueilEnvironnementMontée des eaux : Mayotte touchée par le changement de climat

Montée des eaux : Mayotte touchée par le changement de climat

On ne parle pas ici de climat politique, mais bien des variations de températures ou de pluviométrie qui impactent notre île. Les premières mesures prouvent que Mayotte est bien menacée par l’élévation du niveau des océans.

Bertrand Laviec : "L'homme seul responsable des dérèglements climatiques"
Bertrand Laviec : “L’homme seul responsable des dérèglements climatiques”

A la veille du lancement de la grande Conférence des Parties, COP21, nous avons cherché à savoir si Mayotte était impactée par un quelconque changement climatique. A notre grande surprise, les services de Météo France Mayotte ont bien enregistré des évolutions, certaines bénignes, d’autres plus sensibles.

« Nous avons découpé l’atmosphère qui entoure la planète en cubes et observé les évolutions, notamment l’impact des gaz à effet de serre », explique Bertrand Laviec, le directeur de l’antenne locale de Météo France, spécialiste des situations de crise.

Jusqu’à présent, Mayotte n’était qu’un petit confetti sans importance, mais les capacités d’observation ont été améliorées, « nous sommes descendus de l’échelle 200kms à 40-50 kms, et obtenu ainsi il y a quelques semaines les premiers calculs pour Mayotte. »

L’homme (ir)responsable 

Courbes de simulation avec et sans activité humaine
Courbes de simulation avec et sans activité humaine

Le hic, c’est qu’il faut pouvoir les comparer. Et notre territoire manquait, manque toujours d’ailleurs, cruellement d’instruments de mesure et de données, en dehors de Pamandzi pour laquelle on possède des relevés des années 60. « Nous avons donc homogénéisé les données avec Madagascar et les Comores pour pouvoir les comparer. »

En matière de températures tout d’abord. « Depuis 1900, les minimales (de nuit) ont augmenté de 0,13° par décennie à Mayotte, et les maximales de 0,15°, nous sommes donc à plus de 1,5° en plus d’un siècle », constate le météorologue. Et la cause est unique pour lui, « à 100%, l’homme ! »

N’essayez même pas de lui parler de l’influence des éruptions à la surface du soleil, qui, superposées à la courbe des températures du globe, offre une bonne corrélation, « les cycles solaires alternent tous les 11 ans, et se remettent alors à zéro. Lorsque les températures sont liées à une évolution naturelle, elles n’augmentent environ que de 1 degré tous les 10.000 ans, et non en 100 ans comme c’est le cas actuellement ». Il produit d’ailleurs une courbe éloquente d’influence des activités humaines.

« Risque équivalent aux atolls polynésiens »

Un îlot du lagon mahorais
Un îlot du lagon mahorais

Les précipitations n’offrent pas une évolution spectaculaire. « Depuis les années 50, on évolue légèrement vers le plus sec dans le sud de l’île, et dans la même proportion vers le plus humide dans le nord. » Seule Petite Terre est franchement moins arrosée avec 2% de différence. Actuellement, le talweg de mousson (phénomène qui organise la mousson), n’a toujours pas apparu dans notre zone.

Par contre, le niveau global des océans donne matière à inquiétude. « Il augmente de 4 à 5 centimètres depuis les années 50. Une évolution comparable aux atolls polynésiens », qui sont l’objet de toutes les attentions pour cette COP21. Pour Bertrand Laviec, le danger n’est pas le même : « une grosse vague peut tout emporter des atolls plats polynésiens, ici le relief nous sauve. » L’impact sur les habitations n’est pas de son ressort, mais celui des services de l’Etat comme la DEAL ou le BRGM, qui sont alertés.

Les cyclones enfin, auxquels les météorologues ont consacré une conférence sur les prévisions et l’évaluation des risques. Pas de grands changements pour eux, si ce n’est qu’à l’horizon 2070, leur intensité augmentera, « et statistiquement parlant, on est certain qu’il y en aura un dans le siècle. »

« On s’est bien amusé ! »Foret

Une fois ce constat dressé, que peut la COP21 ? Bertrand Laviec nous aide à comprendre le fonctionnement des forces en présence : « Au sein du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, vivent trois familles. Les experts de l’étude climatique que nous sommes, les scientifiques qui évaluent son impact sur la faune, la flore etc., et les politiques. Ce sont eux qui vont s’exprimer à la COP et tenter d’infléchir la courbe. »

Quatre possibilités s’offrent à eux. Soit l’humanité poursuit sur le même modèle de croissance globale, soit elle parvient à stabiliser en position, haute ou bien basse, « soit enfin elle réalise ‘qu’on s’est bien amusé’, et qu’un déclin de l’impact est indispensable. C’est ce dernier enjeu qui est retenu comme ambition de la Conférence internationale qui commence demain. » Soit une limitation de 2 degrés du réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle, « pour contrer une tendance donnée par le GIEC de hausse des températures de 0,3 à 4,8° d’ici 2100. »

Bertrand Laviec donne d’ailleurs une conférence sur les mécanismes du changement climatiques le 7 décembre 2015 à 18h au cinéma Alpa Joe de Mamoudzou, et pourra répondre aux questions.

Les conclusions de la COP21 qui se déroule dans un climat post attentats, seront très attendues, d’autant qu’hormis le Protocole de Kyoto en 1997 dans lequel les pays industrialisés s’engageaient à limiter leur émissions de gaz à effet de serre à 5%, peu de conférence ont obtenu de réelles avancées depuis.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

1 COMMENTAIRE

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139512
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139512
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139512
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139512
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139512
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139512
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...