Le précédent Plan avait été imposé par l’Etat. En prenant les devants, le département fait preuve d’initiative. Une condition non suffisante pour réussir l’exercice qui passera par une réorganisation complète de l’administration. Et de ses mauvaises pratiques… L’avis confidentiel de la Chambre régionale des Comptes doit tomber demain.
Alors que les finances étaient dans le vert en 2014, ne nécessitant pas de contrôle de la part du préfet, le déficit du département avait été annoncé à 48 millions d’euros, dont 45 millions en fonctionnement, il y a deux mois. Il est estimé désormais à 61,5 millions d’euros par les services des finances du conseil départemental.
On ne connaît pas encore l’avis de la Chambre régionale des Comptes, saisie par le préfet à l’issue de la Décision modificative du mois d’octobre qui traduisait un budget déséquilibré. Elle doit le livrer ce jeudi au représentant de l’Etat, qui le transmettra au département et sera rendu public lors de la plénière de janvier.
En attendant, le conseil départemental doit en conséquence voter demain un Plan d’action « en vue de redresser la situation financière et d’améliorer l’administration du Département. »
Difficile de réformer l’administration
Un Plan passé au crible par les élus du Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (CESEM) qui livrent leur avis. En préambule, ils ne manquent pas de féliciter le conseil départemental, et c’est quasiment une première, pour avoir repris une grande partie du plan de restructuration financière de 2009 proposé par l’Etat, sauf que cette fois ci, « il est à l’initiative de l’exécutif départemental. »
Un plan d’action en 20 mesures réparties en 5 axes : une meilleure gouvernance, la maitrise de dépenses de fonctionnement, l’amélioration des recettes, le respect des principes de gestion comptables et budgétaires et l’amélioration de l’administration.
La réorganisation de l’administration est une volonté émise à plusieurs reprises par Soibahadine Ibrahim Ramadani. « Rompre avec les mauvaises pratiques », « Restructurer les DGA en réduisant leur nombre »… Ce fut aussi en son temps une grande conférence de presse organisée par Daniel Zaïdani qui avait juré que tout agent n’occupant pas un poste qui lui était destiné serait sanctionné. Pour avouer quelques mois plus tard combien il était compliqué de le mettre en place.
Pas de rigueur budgétaire
Comme le souligne le CESEM, cette autorité a du mal à s’affirmer « en raison de la trop grande proximité entre élus et fonctionnaire », on pourrait rajouter, notamment lorsqu’il s’est agi d’emplois de complaisance. « La mise en place d’une nouvelle organisation rigoureuse nécessitera donc un fort engagement des élus pour accompagner le changement de culture », précise-t-il. Notamment en « repositionnant chaque acteur sur son véritable rôle ».
Pas de budget de « rigueur » conseille malgré tout le CESEM qui invite le département à se concentrer sur ses missions premières, notamment du social, et à pouvoir apporter sa quote-part dans le Contrat de projet Etat-région et les Fonds européens.
Une fois de plus, il est demandé à l’assemblée unique de différencier les deux budgets, départemental et régional, indispensable pour clarifier sa gestion et ses finances.
Le CESEM conclut par des conseils pour que ce Plan d’actions ne reste pas un vœu pieu, avec une action forte à mener auprès des agents, et la mise en place d’indicateurs précis qui devront être rigoureusement suivis.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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