Le géographe mahorais Saïd Hachim, Administrateur du Système d’Information géographique (SIG) du conseil départemental, était venu présenter vendredi à la CCI les évolutions induites par la géomatique, un mix de la géographie et de l’informatique.
Et la géomatique, c’est comme monsieur Jourdain et sa prose, tout le monde en fait sans le savoir, « en téléphonant, vous renseignez des bases de données », explique le géographe. Car nous sommes fichés : notre bonne vieille Terre a été découpée en cubes, et chacun des points a une adresse unique.
« A quoi ça sert ? », interroge à la mode de « C’est pas sorcier » notre Jamie mahorais, « A prévoir, s’informer, décider, modéliser l’espace », explique-t-il. Et de citer un exemple pratique : « A Lyon, une appli vous donne les places libres de parking en fonction de votre situation. » Les bandes double-fils disposées actuellement sur les routes de Mayotte vont d’ailleurs servir à renseigner des bases de données sur le flux de véhicules.
Un outil au service du foncier…
Mayotte qui connaît une application directe : « la géolocalisation des véhicules du conseil départemental qui ne peuvent plus aller se balader où ils veulent ! »
A l’entendre, notre île est parmi les mieux dotées en matière d’information géographique. Les données enregistrées notamment lors du passage de l’hélicoptère de GéoMayotte en octobre 2010, ont été rapportées, empilées par couches successives, qui seront superposées à une photographie aérienne. On obtient alors une carte en 3D, qui, permet en zoomant sur une zone, d’en obtenir toutes les informations : « On sait par exemple d’un seul clic quels sont les propriétaires des terrains. »
Un outil inutilisé selon l’agent du conseil départemental : « A l’issue de la chute du mur derrière l’hémicycle, un contentieux est né avec M. Issoufali qui revendique la propriété du terrain. Un problème qui serait facilement résolu avec l’utilisation de notre Litto 3D. » De la même manière, et toujours selon le spécialiste, « les assiettes fiscales des communes sont faciles à renseigner. »
Volonté de bloquer
Un manque de coordination étonnant entre la technicité proposée et les services fiscaux qui l’incite à accuser : « Il y a une volonté de bloquer parce que ça arrange du monde. » Une des initiateurs de la Litto 3D, qui a couté 1,7 millions d’euros, lui a d’ailleurs lâché : « Vous avez acheté une Porsche et vous l’avez garée dans la mangrove ! »
Car peu de monde est venu le voir et profiter ainsi de renseignements gratuits. Si ! Un pêcheur, « il voulait savoir où prendre les moanas, qui gravitent entre 400 et 200 mètres de fond. » Notre territoire serait bien couvert, « avec une précision de 20 cm, la largeur d’un parpaing », en dehors de deux petites zones qui apparaissent en blanc (voir carte).
Les dessous de Mayotte
Notre territoire a d’ailleurs été cité en exemple dans une émission du « Dessous des cartes » de Jean-Christophe Victor, intitulée « Entre terre et mer », et qui permet de comparer les résultats du Shom, de l’IGN et de la Litto 3D. Cette dernière résoudrait le problème du zéro des cartes, qui est celui du niveau le plus bas de la marée la plus basse pour le Shom, ou le niveau de référence des altitudes pour l’IGN. « Une différence qui rend par exemple impossible un référentiel de zone des 50 Pas géométriques à Mayotte », indique Saïd Hachim.
La Litto 3D a proposé un résultat issu des enregistrements à partir faisceau laser émis depuis un avion, ainsi que du navire multifaisceaux le Beautemps-Beaupré pour les grandes profondeurs du lagon.
Le documentaire de Jean-Christophe Victor le met en valeur : « La Réunion s’est entièrement appropriée les utilisations de Litto 3D, Mayotte pas du tout : innovations environnementales, urbanismes, foncier, tourisme, photovoltaïque, géothermie, ressources halieutiques… le potentiel est énorme ! »
Alors ? La Porsche ? Bientôt garée dans la cour du service foncier du département ?!
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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