C’est dans un centre de tri sélectif transformé par Luvi en endroit branché, qu’Aurélie Loctin a fait ses adieux, autant à l’Agence Star Mayotte qu’elle dirigeait, qu’à un territoire qu’elle a aimé pendant 13 ans. Ils étaient nombreux, salariés, élus, partenaires ou amis à avoir répondu présents.
En quittant la tête de STAR Mayotte pour reprendre la direction générale de Star Pacifique en Nouvelle-Calédonie, Aurélie Loctin laisse une entreprise florissante, « une société deux fois plus grosse qu’en 2000 lorsque nous nous sommes implantés », soulignait Antoine de Palmas, Président de Star Mayotte-Réunion-Nouvelle Calédonie, lors de la cérémonie de départ de sa directrice à Longoni.
Mais ce n’est pas le chiffre d’affaire de 3,8 millions d’euros de cette entreprise de 35 salariés spécialisée dans la collecte des déchets qui était au centre des discours : « Vous avez travaillé avec votre cœur, avec une grande capacité à aimer Mayotte, et à voir les invités ce soir, je vois que c’est réciproque », remarquait Antoine De Palmas.
Dans son discours, Aurélie Loctin se rappelait qu’en 2003, « pas beaucoup de monde croyait dans une petite jeune blonde qui débarquait », alors que tout était à faire en collecte et traitement des déchets, et à l’écouter, elle n’a fait que reprendre une feuille de route. « Mon directeur m’avait demandé de redonner confiance à nos salariés, à nos clients, et que si je trouvais un terrain, on pourrait peut-être s’y développer… » Des indications que cette diplômé d’un BTS en alternance a su transformer en exigences.
Une boxeuse
« J’avais vu que parmi ses hobbies, il y avait la boxe »… glissait dans un sourire Antoine de Palmas. Car elle a mis « la machine à projets en route », selon son expression. Elle a donc structuré l’agence Star Mayotte, « qui aurait de toute façon grossi avec ou sans moi », trouvé un terrain dans la Vallée 3 de Longoni où se développera le tri sélectif des Tri O comme prestataire d’Eco emballages, organise avec le SIDEVAM le traitement des déchets à Dzoumogné, et il a fallu abattre des montagnes pour que ces décharges brûlant à ciel ouvert cessent, « il y a encore 18 mois, nous n’y croyions plus ! », et la prochaine implantation de plateforme de stockage de prétraitement des déchets dangereux.
Sa conclusion sera pour ce territoire à plusieurs facettes, « où j’ai découvert des hommes et femmes à la générosité sans nom », et dont elle dit qu’elle a oublié les évènements de 2011, « oublié les coups de blues, pour tourner une page de la grande histoire de l’île de Mayotte. »
Antoine de Palmas détaille les développements à venir : « Le prétraitement des déchets dangereux concernera les Dasrii, les déchets hospitaliers, les huiles de vidange, les dégazages, pour en faire un site de traitement multi-matières lorsque nous aurons obtenu l’autorisation préfectorale. » Des sites implantés avec l’aide de la communes de Koungou.
La Star et la collecte de Mamoudzou
Et en ces temps de promotion des énergies renouvelables, la Star avait anticipé puisque va commencer sa production d’électricité à partir de biogaz, « grâce à l’empilement des déchets à l’ISDND de Dzoumogné. Une électricité pour 1.500 foyers environ, revendue à EDM. »
Quant au marché qui fut le nerf de la guerre, l’alpha de l’implantation de STAR à Mayotte, la collecte des déchets de la ville-préfecture Mamoudzou, les résultats de son renouvellement ne sont toujours pas officiellement connus aujourd’hui. Il avait été attribué en juin à l’entreprise Derichebourg, puis cassé, relancé, pour finalement débouter le mastodonte au chiffre d’affaire de 2,5 milliards d’euros. Les 12 jours de recours du candidat étant écoulés, on peut penser que le marché revient à la Star, et à Enzo recyclages pour les encombrants.
Aurélie Loctin n’est pour l’instant pas remplacée, « mais elle a su structurer son équipe pour qu’elle fonctionne en autonomie avec son assistant Jean-Michel Bourgoin », se réjouit Antoine de Palmas.
C’est au milieu des ses collègues et partenaires, on aura noté l’absence de la préfecture, qu’Aurélie Loctin a fait ses adieux, non sans hommage appuyé pour son mari Julien qui va garder un œil sur ses magasins d’optique, au cours d’une soirée bercée par les chansons et les mélodies du chanteur mahorais au nom emblématique de Trio N’gazi !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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